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avec des individus qui peignent selon un point de
vue, qui se traduit dans des manières. Si on trouve
l’idée d’un groupe, mais des moments d’une telle
charge de beauté que l’on peut dire «c’est UNTEL qui
l’a fait ». Tal Coat a écrit en ce sens, pour expliquer
cette émotion, que « l’art est toujours l’affaire d’une
relation interpersonnelle ».
Plus jeune, je me suis investi dans l’écriture et la
peinture politiques, en prônant l’effacement du
nom, de l’auteur, au profit de l’idée que c’est l’hu-
manité qui produit des œuvres, mais je crois de plus
en plus que ce n’est pas un mode qui, fondamenta-
lement, explique l’art. Pour Duchamp ou Nietzsche
avant lui – et même si le regardeur ne fait pas le
tableau selon moi –, le monde n’est qu’interpréta-
tion. Et cela induit un fort investissement interper-
sonnel. Avec Lascaux il y a 17 000 ans ou Chauvet il
y a plus de 30 000 ans, on ressent profondément le
fait d’appartenir à un collectif, à l’histoire, qui nous
englobe comme un flux. Et puis il y a autre chose, qui
dit des désirs, des pulsions, peurs et de l’émerveille-
ment esthétique. C’est ce qu’exprime Gasiorowski à
propos de son
Hommage à Manet
(1983) : «J’ai voulu
me placer d’une certaine manière sous ce flux pic-
tural ; en inscrivant la figure du taureau de Lascaux,
figure secrète de la grotte, conservée pendant des
millénaires dans la nuit par un éboulis, figure qui
fut peinte par un artiste couché dans un boyau de
la grotte, j’ai voulu, dans le flux, désigner le fait
que j’étais dans la même position, car peindre est
un acte pour moi, ou une tentative, sur le temps et
sur l’origine. »
Vous avez ce cycle d’expositions en 2017 avec
Gérard Gasiorowski (1930-86). Pourquoi lui ?
À partir de la grotte et de cette histoire humaine, il
me semblait nécessaire de montrer comment elles
s’incarnent – de passer du « on » ou du « nous » à
une incarnation personnelle. Gasiorowski a connu
un éblouissement à Lascaux – il parlait d’avoir
« reçu une pluie de peinture » –, traduit dans des
œuvres immenses. Si l’
Hommage à Manet
l’entraîne
jusqu’à une masse jaune, couleur des
Asperges
, ce
petit tableau de Manet,
Stances
(1986), avec ses 40
