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Paulhan, patron de la NRF, qui fit beaucoup pour
la notoriété de l’artiste après la guerre, notam-
ment avec son essai
Fautrier l’enragé
(1949).
Paulhan le considérant comme «le seul peintre
depuis Braque qui sache ce qu’est lamatière d’un
tableau et ce qu’il faut en faire», il lui fit rencon-
trer le poète Francis Ponge. Fasciné par l’homme
et l’œuvre, celui-ci lui consacra à son tour plu-
sieurs textes – évoquant par exemple «son sens
de la grandeur et du risque, proprement princier,
une élégance au moins égale à celle de Manet,
son goût du haut cérémonial et une sensualité
dont on n’a vu aucun signe en France depuis le
règne du Grand Béarnais».
Pourtant les artistes français émergents des
années 1950-60 se montrèrent indifférents à
son œuvre, mal perçue en raison du soutien
manifeste de grands écrivains sillonnant alors
les allées du pouvoir : Malraux son ami de 30 ans
est ministre de la Culture du Général de Gaulle
et Paulhan est au seuil de l’Académie française.
Les jeunes artistes considéraient alors Fautrier
comme un « artiste officiel, voire gaulliste »
souligne Fabrice Hergott, ajoutant : « Fautrier
qui avait fondé l’abstraction informelle et ges-
tuelle dès 1928-30, voyait de plus son rôle de
précurseur éclipsé par le développement de
cette même expression artistique aux États-