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Un portait de Jean Fautrier par Yves Peyré
éclaire la singularité de son devenir artistique.
«L’allure d’un montagnard, l’inébranlable d’un
marin, l’apparence d’un guerrier
suscitant
du légendaire par le seul fait d’exister, tout
en allumant des contre-feux pour rester dans
l’ombre. Debout dans la turbulence du siècle
cherchant, trouvant, donnant. Seul sur le chemin
de soi. Tels ces hommes que le poète Jean-Paul
appelle
les brûlés de la vie
. »
Ce que Fautrier lui-même confirme dans sa lettre
biographique de 1944 à son ami écrivain Jean
Jean
Fautrier,
la rage
(de peindre)
Jean Fautrier. Matière et lumière
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Du 26 janvier au 20 mai 2018
Commissariat : Dieter Schwarz
MAMVP
«La peinture est ma seule raison d’exister, avec les femmes
s’entend», affirmait Fautrier. Provocant, rageur, solitaire.
Tour à tour célèbre et contesté, «un Lazare bis, spécialiste
des résurrections successives et des replongées dans
l’oubli concomitant» (P. Restany). Grand prix international
de peinture à la Biennale de Venise en 1960 et à la
Biennale de Tokyo en 1961. Précurseur de l’art informel à
la fin des années 1920, bien avant les peintres américains,
Fautrier renouvelle l’art moderne. Pourtant mal connu en
France car peu exposé (pas depuis 1989). Dès janvier 2018,
le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris propose une
grande rétrospective,
Fautrier, matière et lumière
. Pour
Fabrice Hergott, son directeur, un hommage essentiel
à un artiste majeur profondément lié à la fondation de
l’institution par sa donation d’œuvres lors de sa première
rétrospective en 1964– le plus important fonds Fautrier
des collections muséales.
PAR PASCALE LISMONDE
La Juive.
1943, huile sur papier marouflé
sur toile, 73 x 115,5 cm.
Musée d’Art moderne
de la Ville de Paris.