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Frits
Thaulow,
entendre la nuit
et l’eau rêver
Par Ulysse Baratin
et annoncent
Les Mouettes
de Nicolas de
Staël. Découvrir un artiste injustement
méconnu est toujours une bonne surprise.
Certains le qualifient de « pleinairiste »,
catégorie qui semble être un équivalent
scandinave de l’impressionnisme. Pourquoi
pas ? En effet, avec son allure de trappeur
barbu et intrépide, Thaulow se pense lui-
même naturaliste, héritage tenace d’une
formation académique de peintre de
Voilà la punition qui attend les
peintres célébrés de leur vivant :
l’histoire de l’art les oublie ! Visible
au musée des Beaux-Arts de Caen,
le Norvégien Frits Thaulow (1847-
1906) mérite pourtant amplement
le détour. Naturalistes, ses vues de
rivières nocturnes et contrées ennei-
gées portent la marque d’un paysa-
giste atypique. Plus étonnant encore,
ces œuvres génèrent un bien-être
immédiat autant qu’inhabituel…
Tout commence depuis le pont d’une goé-
lette. Le jeune Thaulow, né à Christiana,
l’actuelle Oslo, y apprend à peindre en
s’attaquant aux fjords et littoraux qui l’en-
tourent. Plus tard, ce nomade pose son che-
valet au pays de Caux et en Picardie, avant
de finir par s’installer en France en 1892.
Mais il demeure voyageur, se déplaçant en
roulotte avec femme et enfants, ce qui ne
l’empêche pas de goûter aux joies des tran-
satlantiques en route vers l’Amérique. Là, à
la poupe, après avoir bien carré sa carrure
de colosse face à la mer, il peint à traits
puissants
Sillage d’un paquebot
en 1898 :
la brusquerie des coups de pinceaux et les
chromatismes gris sentent les embruns
Frits Thaulow.
Paysagiste par nature
Musée des Beaux-Arts,
Caen. Du 16 avril
au 26 septembre 2016