ArtAbs65 - Mai/Juin 2015 - Aperçu - page 15

Représenter le sacré
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Dossier
Poussin et Dieu
Musée du Louvre, hall Napoléon – Du 2 avril au 29 juin 2015
Commissariat : Nicolas Milovanovic et Mickaël Szanto
La Fabrique des saintes images. Rome-Paris, 1580-1660
Musée du Louvre, hall Napoléon – Du 2 avril au 29 juin 2015
Commissariat : Louis Frank et Philippe Malgouyres
sa nature, mais parce qu’ellemontre ce qui a
été révélé. La démonstration, pour le moins
complexe, autorise à la fois le choix esthé-
tique de l’icône orientale, qui stylise une idée
Nicolas Poussin, philosophe d’un christianisme nourri par l’antique, s’affranchit
des grands axes édictés par la Contre-Réforme pour mieux les soumettre à son
inspiration poétique ; confrontation, en deux expositions au Louvre, du maître
avec toute une époque…
Le deuxième commandement de Dieu
à Moïse étant formel « Tu ne feras point
d’images {…} », il subsistera toujours une
tentation iconoclaste pour tous ceux qui,
attachés au Livre sacré, le brandissent
comme seule transcription de la parole ins-
pirée existante. Mais, si cet interdit cimente
toujours la spiritualité juive, lemessianisme
chrétien le contourne dès l’origine pour
mieux instruire ses prosélytes. Car la divine
puissance, par Jésus-Christ, a permis que
s’imprime miraculeusement son image
trois fois : au roi d’Édesse sur une serviette,
à sainte Véronique sur un linge durant la
Passion, aux saintes femmes, enfin, qui
ne trouvèrent qu’un linceul au tombeau –
le saint suaire de Turin. Ainsi, plus saint
Luc et ses portraits de la Vierge dits «non
fabriqués» (c’est-à-dire sans que s’y mêle
l’invention), l’existence de l’image sacrée
se vit justifiée par les auteurs du dogme et
consolidée tout au long des conciles. ÀNicée
d’abord, en 787, à l’issue d’un déchaînement
iconoclaste sous Constantin V, puis à Trente,
dont le concile s’achève en 1563 durant les
querelles allumées par le sac de Rome
trois décennies plus tôt, l’Église réaffirme
le statut privilégié de l’image, qui diffère de
l’idole en ce qu’on ne doit pas l’adorer pour
Par Vincent Quéau
LaBeautédeDieu
Atelier de Philippe de Champaigne.
La Sainte Face.
Huile sur panneau de chêne, 36,6 x 27,7 cm. Paris, musée du Louvre.
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