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Expositions
Par Pascal Bonafoux
Leiris & Co. Picasso, Masson, Miró, Giacometti, Lam, Bacon...
Centre Pompidou-Metz, Metz. Du 3 avril au 14 septembre 2015
Commissariat : Agnès de la Beaumelle, Marie-Laure Bernadac, Denis Hollier
Les choses sont claires : pour aborder Leiris, l’acuité et la générosité de son
regard, pour prendre conscience de la lucidité absolue qui est la sienne, il n’y a
guère qu’une seule et unique solution, le lire ou le relire.
Les commentaires qu’entraîne une expo-
sition comme celle que consacre le Musée
national d’art moderne au legs de leur
collection qu’ont pu faire Louise et Michel
Leiris en 1983 risquent de provoquer cer-
tains à élaborer et à asséner je ne sais trop
quel concept aussi sûr de lui qu’impérieux.
Si un tel concept apparaît, il faudra rappe-
ler à l’auteur cette définition donnée par
Leiris dans « Souple mantique et simples
tics de glotte
en supplément
»
par laquel
s’ouvre
Langage tangage ou Ce que les mots
me disent
: «concept – tresseur de pont ou
sceptre de con?» Il y aura quelque chance
qu’il s’agisse du sceptre… Il faudra de
même inviter l’auteur à lire ces phrases :
« Parler d’Alberto Giacometti comme il
l’a fait lui-même pour Henri Laurens : par
allusion, analogie, évocation d’image sans
rapport analysable avec le trait à déceler,
plutôt que par thèse et description. » Cette
phrase est la première de
Pierres pour
un Alberto Giacometti
. Il faudra encore lui
recommander la lecture de ce dialogue qui
est l’une des premières pages du
Ruban au
cou d’Olympia
: « Dites-vous bien, lecteur
ou lectrice, ou dis-toi bien (car à me lire tu
deviendras de mes proches) que si je dis ici,
c’est plus pour dire que pour dire quelque
chose. – Comment, tu parles pour ne rien
dire ? – Façon de parler, quand je dis que
je dis pour dire : si je dis, c’est bien pour
dire quelque chose, mais quelque chose
qui (à parler franc) sera je ne sais quoi. »
Ces mots « allusion, analogie, évocation
Leiris, l’admirable
Marcel Griaule.
Michel Leiris sous la tente, Soudan, Gallabat
. 13 mai 1932.
