ArtAbs65 - Mai/Juin 2015 - Aperçu - page 21

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Artistes
Denatura sonoris
Paolo Uccello pourrait bien être le premier artiste de la Renaissance à avoir donné une
forme au son avec sa
Bataille de San Romano
, qui bruit du galop et du hennissement
des chevaux et du choc des lances. Nouveau «Paul les Oiseaux» de notreRenaissance
technologique, Céleste Boursier-Mougenot s’est fait connaître en confiant à des
oiseaux mandarins le soin de déclencher des accords de guitare électrique en se
posant dessus. Luttant contre la mer de la décomposition, il offre à contempler au
Pavillon français de Venise des arbres qui bougent en bourdonnant, avant de trans-
former le Palais de Tokyo à Paris en un voyage télévisuel en gondole vers l’au-delà.
Emmanuel Daydé
|
Plasticien sonore depuis près
de vingt ans, vous appliquez une démarche
« compositionnelle » à vos œuvres plas-
tiques. Vous définissez-vous toujours
comme «musicien»?
Céleste Boursier-Mougenot
|
Vous ne pensez tout
de même pas qu’il faille faire des études
musicales pour être musicien! Aujourd’hui,
les choses ne se posent plus de la même
façon mais longtemps, c’est vrai, je me
suis destiné à la musique. Enfant, je suis
allé au conservatoire de Nice. Mais je n’y ai
pas vraiment suivi des études, j’y ai plutôt
fait des expériences. Je suis resté dans la
même classe de solfège en recommençant
tous les ans sur un nouvel instrument. Ce
qui me plaisait, c’était de pouvoir manipu-
ler un violon, un piano ou un saxophone, de
les regarder, de les tenir et de pouvoir en
émettre des sons.
ED
|
Comment êtes-vous arrivé à revendi-
quer l’autonomie du fait musical ?
CBM
|
J’ai su assez vite que je ne serais
jamais instrumentiste et je me suis axé
sur la composition, tout en baignant dans
une culture plasticienne. Dans ma famille,
nous sommes très liés à l’espace. On y
compte un paysagiste, un topographe, un
urbaniste et un historien des jardins et des
bancs. Mon grand-père était peintre et mon
arrière-grand-père photographe. À Nice,
je fréquentais les galeries, je connaissais
très bien Robert Malaval et j’allais échan-
ger mes disques à la boutique de Ben.
Chez mes parents, on écoutait du rock très
pointu et de la musique classique, mais
aussi Terry Riley, pour lequel j’ai eu très
vite un amour immodéré. J’ai acheté des
magnétophones et j’ai commencé à faire
de la musique avec mes faibles moyens et
CélesteBoursier-Mougenot
Rêvolutions
Biennale d’art de Venise 2015, pavillon français
du 9 mai au 22 novembre 2015
Commissariat : Emma Lavigne
Acqua alta
Palais de Tokyo, Paris – du 24 juin au 13 septembre 2015
Commissariat : Daria de Beauvais
Entretien avec Emmanuel Daydé
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