ArtAbs65 - Mai/Juin 2015 - Aperçu - page 9

Représenter le sacré
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Dossier
une exposition d’historien, qui essayait de
montrer comment la sécularisation du
monde, comme forme structurante de
nos sociétés, avait donné naissance à
l’art moderne. En se fondant sur l’effon-
drement du religieux, commun à la fin du
XVIII
e
siècle, l’art moderne s’empare alors
de nouvelles responsabilités spirituelles et
philosophiques, inventant, pour y atteindre,
les formes modernes. L’exposition sur le
Considérant que le spirituel dans l’art interroge l’énigme de nos vies et célèbre
la part immatérielle de nos aspirations, Jean de Loisy poursuit sa quête du sacré
dans l’art contemporain. S’inquiétant de la représentation comme de la négation
du divin au XXI
e
siècle, il lance sa quête esthétique sur les traces du sacré au-
delà du Palais de Tokyo et de l’exposition
Archipel secret
consacrée à l’Asie du
Sud-Est, considérant l’œuvre du Birman Aun-Ko, du Franco-Chinois Huang Yong
Ping ou de l’Anglo-Indien Anish Kapoor comme des dispositifs révélateurs de ce
que nous sommes.
EmmanuelDaydé
|
Après avoir tenté une nouvelle
histoire de l’art moderne et contemporain
sur les
Traces du sacré
en 2008, confronté
les artistes occidentaux à la transe cha-
manique dans
Les Maîtres du désordre
en
2012 et approché l’Esprit saint dans
Formes
simples
en 2014, vous affirmez, à rebours
d’une certaine vision matérialiste de l’his-
toire, une certaine transcendance de l’art
partout et maintenant. Mais aujourd’hui, à
l’heure où l’on tue au nom de Dieu pour un
dessin, ne serait-ce pas plutôt le sacré qui
serait contre l’art ?
Jean de Loisy
|
Ce n’est en aucun cas le sacré
qui serait contre l’art ou contre l’homme,
le sacré étant fondamentalement séparé :
c’est évidemment le religieux qui est en
ce moment à l’attaque de ce que nous
sommes… En 2012, je disais en substance
que l’art remplissait encore aujourd’hui, en
un monde qui chancelle, un rôle éminent.
Non pas celui de dire nos dieux, mais de
suivre la trace du sacré ultime sur la Terre,
de trouver la grâce précaire du réel, de dire
la grâce fragile de l’homme.
ED
|
Un véritable pari pascalien !
JdL
|
L’humain n’est-il pas au centre de l’art ?
En produisant l’exploration de son huma-
nité, de son destin et de sa fragilité, l’art –
de ce fait – les protège.
Traces du sacré
était
Entretien entre Jean de Loisy et Emmanuel Daydé
Dieu?Présent!
Lamort des images ou l’impossible
représentationdudivinauXXI
e
siècle
Vue de l’exposition de Huang Yong Ping,
Troubler l’écho du temps
, MAC Lyon, 2001.
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