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Expositions
Par Julie Chaizemartin
l’observateur du temps
« Peintre, écrivain, homme du monde » titre l’exposition. Jacques-Émile Blanche
avait-il tous les talents ? Deux expositions récentes ont tenté de répondre à cette
question, l’une mettant l’accent sur le peintre mondain, l’autre sur celui de la
Normandie (Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent en 2012 et musée-châ-
teau de Dieppe en 2013). Le Palais Lumière d’Évian promet d’aller plus loin en
présentant une rétrospective de l’artiste à travers la donation qu’il fit lui-même
au musée des Beaux-Arts de Rouen en 1921. Lever de rideau sur un peintre,
assurément talentueux, et aux amitiés fascinantes…
Si Jacques-Émile Blanche (1861-1942)
pouvait être à la peinture ce que Proust
est à la littérature, on retiendrait son don
d’observation, qu’il s’employa à manier
avec excellence dans l’art du portrait,
brossant les visages et les attitudes de ses
contemporains, artistes et intellectuels,
telle une galerie de «people » laissée à la
postérité. C’est ainsi que son Proust, dont
il capta l’ovale du visage au teint de por-
celaine percé de deux grands yeux noirs
un peu tristes, est le seul portrait peint du
romancier que l’on connaisse aujourd’hui.
Un portrait que l’auteur de
La Recherche
gardera jusqu’à sa mort, en 1922, lui vouant
une véritable adoration, peut-être à cause
de l’étrange impression d’intemporalité qui
s’en dégage. L’écrivain de la mémoire et du
temps perdu y aura vu son gage d’immor-
talité. Mais, paradoxalement, on connaît
moins le nom de l’auteur de ce tableau,
tombé, lui, presque dans l’oubli.
Jacques-Émile Blanche, peintre, écrivain et homme du monde
Palais Lumière d’Évian – Du 7 mai au 6 septembre 2015
Commissariat : Sylvain Amic, avec Diederik Bakhuÿs,
Anne-Charlotte Cathelineau et Marie-Claude Coudert
Jacques-ÉmileBlanche,
Première Étude pour le portrait d’Anna de Noailles.
1912, huile sur toile, 61 x 61 cm.
