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exposition
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Depuis les quatre coins du monde, l’art
contemporain marocain peut sembler idyl-
lique. À Paris, à New York ou aux Émirats,
il prend par exemple le visage de Mounir
Fatmi, véritable star de l’art contempo-
rain, non plus arabe mais international. Si
ce type d’artistes de réputation mondiale
font briller le blason marocain, au Maroc
l’art contemporain est bienmoins structuré
qu’il n’en a l’air. Il fonctionne à géométrie
variable.
des microstructures
très pointues
Quelques petites structures très pointues
sont en contact direct et privilégié avec les
institutions internationales et portent hors
des frontières les jeunes pousses de la
scène contemporaine. Ainsi au printemps
dernier, le MuCEM a organisé un cycle d’ex-
positions de haut niveau avec l’Atelier de la
Source du Lion et Cultures Interface, deux
structures casablancaises. Le fondateur de
l’Appartement 22, Abdellah Karroum, dirige
désormais le plus grand musée du Moyen-
Orient, le Mathaf à Doha.
Dans ce même esprit exigeant, des rési-
dences d’artistes comme Trankat à
Tétouan, fondée par la curatrice Bérénice
Saliou et l’artiste visionnaire Younès
Rahmoun - lui-même déjà propulsé à l’in-
ternational - reçoivent la fine fleur de l’art
contemporain mondial.
Pour autant, ce mouvement curatorial ne
concerne pas vraiment le pays ni le grand
public. Il n’a presque aucune incidence
sur le marché. Et quand la Source du Lion
reçoit en conférence un conservateur du
Centre Pompidou comme Michel Gauthier,
c’est toujours pour un public très confiden-
tiel. Tout au plus ce mouvement inspire-t-
il le monde de l’art, légitime-t-il le Maroc
comme terreau possible de l’art contempo-
rain et propose-t-il des tremplins pour les
artistes. Mais il ne l’irrigue pas en profon-
deur. Le public de l’art au Maroc fréquente
davantage les galeries qui proposent des
valeurs sûres de l’art contemporain et
moderne.
Ce public marocain, une élite bourgeoise
qui pourrait soutenir un vrai marché, a
des goûts et des habitudes d’achat très
spécifiques. S’il aime s’étonner des prises
de position des jeunes artistes qu’il achè-
À l’extérieur
du MMVI,
des œuvres
ont été
reproduites
sur bâches
pour attirer
le grand
public.