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INTRODUCTION
Meryem Sebti •
Après la Palestine en 2009 et
la Tunisie en 2012, l’IMA pointe son projec-
teur sur le Maroc avec un événement très
ambitieux. Pourquoi organiser cet événe-
ment maintenant, et lui donner une telle
envergure?
Jack Lang •
Cela résulte d’un concours de
circonstances mais aussi d’une volonté
profonde. Quelques semaines après mon
arrivée à la présidence de l’Institut, je me
suis entretenu avec les hauts responsables
des institutions culturelles parisiennes. De
là est apparue une volonté de concevoir
des projets communs et des coproductions
d’une utilité certaine pour l’art et la culture.
Puis j’ai rencontré Henri Loyrette, l’ex-pré-
sident du Louvre, un très grand ami qui m’a
fait la proposition de travailler ensemble.
Le Louvre préparant en parallèle un évé-
nement sur le Maroc médiéval, l’idée de le
compléter avec une exposition sur le Maroc
moderne et contemporain me paraissait
évidente. J’ai alors choisi Jean-Hubert
Martin comme commissaire, car j’avais
travaillé avec lui lorsque j’étais ministre
de la Culture en lui confiant l’exposition
Magiciens de la Terre
. Il était alors directeur
du Centre Georges Pompidou, il y a de cela
vingt-cinq ans. À l’époque, j’avais fait le
constat – encore valable de nos jours – que
beaucoup de musées rendaient compte de
l’art européen et américain, mais pas assez
de celui des pays du Sud. J’ai toujours eu
à cœur de briser cette tradition trop occi-
dentaliste. Jean-Hubert Martin a pour cela
une connaissance et un sérieux évidents.
Pour l’accompagner, il a choisi deux com-
missaires marocains : Moulim El Aroussi,
un universitaire et critique d’art installé au
Maroc, et Mohamed Métalsi, directeur de la
programmation culturelle de l’IMA. Ils ont
formé un trio solide qui a sillonné le Maroc
pour découvrir sa création en profondeur.
M.S. •
Plutôt que de céder à une pratique
éculée qui consiste à utiliser des listes pré-
établies d’artistes ayant l’habitude d’expo-
ser, les commissaires ont adopté une tout
autre méthode, basée sur une considérable
recherche documentaire. Qu’avez-vous
voulu montrer ainsi du Maroc, ce pays que
tout le monde croit connaître?
L’ancien ministre de la Culture, qui préside l’Institut du monde arabe depuis début
2013, est connu pour son engagement en faveur d’une vision large de la culture.
Celle-ci ne pouvait trouver qu’un terrain fécond en embrassant les formes de créa-
tion auMaroc, dont il pointe ici la diversité. Dans cet entretien, Jack Lang revient sur
la genèse, le choix des commissaires et le caractère pluriel de cette manifestation.
Propos recueillis par Pascal Amel et Meryem Sebti
«LeMaroc
assume sadiversité»
Entretienavec Jack Lang, président de l’IMA
Jack Lang. © IMA – Thierry Rambaud.
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