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(
artabsolument
)
no 8 • printemps 2004 page
11
Marie de Montbazon était morte la nuit précédente, et les
corbeaux
– enterreurs de
morts – chargés de la déposer dans le cercueil, l'ayant trouvée trop longue, lui avait
coupé la tête pour faire entrer le corps dans son dernier habitacle. À la suite de cette
tragédie, Rancé se retira à la Trappe où il mena une vie austère et intransigeante.
Bien des années après, le duc de Saint-Simon parla longuement avec Rancé de
Marie de Montbazon. Il usa de sa passion et de sa séduction auprès de l'abbé de la
Trappe afin qu'il rencontre Hyacinthe Rigaud, peintre officiel de la cour, et qu'il
accepte de poser pour lui. Saint-Simon arrache un consentement à l'ermite qui se
laisse dessiner. Il naîtra de ce complot un portrait de Monsieur de Rancé méditant
dans sa cellule avec un crâne posé près de lui sur la table. Plus tard, sur les gravures
issues du tableau, on s'apercevra que le crâne a souvent disparu, et les langues per-
fides ont affirmé que ce crâne était celui de la duchesse de Montbazon que Rancé
avait emporté avec lui durant la nuit fatale.
Artemisia...
L'histoire d'Artemisia Gentileschi est à peine moins dramatique. À quinze ans, elle
est déjà convoitée par les hommes, et surtout par un élève de son père, Agostino
Tassi, assez bon peintre, mais joueur, débauché, hâbleur et corrompu. Il est marié,
bien qu'il se vante d'avoir tué sa femme, par jalousie, de vingt-et-un coups de cou-
teau, et qu'il vive avec sa belle-sœur Costanza, en une situation incestueuse.
Un jour qu'Artemisia se trouve seule dans la maison de son père, elle est violée par cet
Agostino qui lui met le genou entre les cuisses, lui pose la main sur la bouche, et tente
de pénétrer son intimité. Elle le griffe au visage, arrache la peau de son membre, mais
l'homme la déflore, elle saigne. Se relevant, elle le poursuit et tente de lui porter un
coup de poignard dans la poitrine. Agostino lui promet alors de l'épouser, mais
Artemisia découvre que sa femme vit encore en Toscane avec un autre homme ; elle
décide alors de porter plainte devant le tribunal de Rome. Le prévenu risque cinq
Artemisia Gentileschi.
Allégorie de la peinture.
1620, huile sur toile, 95,5 x 133 cm.
Le Mans, musée de Tessé.
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