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page
10
(
artabsolument
)
no 8 • printemps 2004
Rome...
Si vous franchissez les ponts sur le Tibre pour gagner
la rive droite du fleuve et la colline du Transtévère, à
Rome, vous trouverez sur votre chemin le palais
Corsini, près du jardin botanique de la ville. Ce palais
abrite des collections de peintures, et vous aurez peut-
être la chance comme autrefois de découvrir en
entrant, juste à votre gauche, une peinture d'Artemisia
Gentileschi. C'est le portrait d'une jeune femme,
debout, en grande robe verte très décolletée, face à son
tableau, avec un pinceau qu'elle tient par l'extrémité,
dans la main droite, près de la toile. La peinture est
sans doute une copie, œuvre d'Artemisia elle-même.
L'original se trouve à Londres :
This beautiful woman
so intent on painting
is Artemisia.
Elle était la fille d'Orazio Gentileschi, célèbre peintre
italien de Toscane, qui résidait à Rome. Plus tard, il va
travailler à Gêne et à Turin, puis il s'exile à Paris où il
est protégé par Marie de Médicis et donné pour le rival
de Rubens. Au cours de sa carrière, il peint de nom-
breuses scènes mythologiques ou bibliques, comme
Loth et ses deux filles
, et s'approche de l'esthétique de
Caravage avec cette technique d'une lumière révélée
par le clair-obscur.
Artemisia devint plus célèbre que son père à la suite
d'un scandale extraordinaire dont elle demanda jus-
tice. Peintre elle-même de grande qualité, elle entre-
tenait avec celui-ci une relation conflictuelle d'amour
et de rivalité. Vers 1626, elle peint une
Madeleine péni-
tente
qui se trouve à la cathédrale de Séville. Marie de
Magdalena est en grande robe orange, le corsage blanc
aux manches transparentes, l'épaule dénudée. Elle
semble dormir ou sommeiller légèrement, avec sa
grande chevelure rousse qui pend comme la robe et le
linge, avec un beau visage rêveur, voluptueux et doux,
une boucle d'oreille blanche contre la joue, les lèvres
très rouges, la main posée entre les cuisses, appuyée
sur la jambe gauche.
La Vie de Rancé...
Il faut lire la
Vie deRancé
, ouvrage tardif deChateaubriand,
pour comprendre la suite des
Démons de l'Analogie
.
En quelques mots, Armand Jean Le Bouthillier de
Rancé, ecclésiastique de haut rang et commanditaire
de la Trappe, était dans l'une de ses campagnes, pro-
bablement à la chasse. Il rentre à l'improviste à Paris,
prenant à cheval la rive droite de la Seine, jusqu'à la
rue Saint-Germain l'Auxerrois, et s'introduit comme
d'habitude par un escalier dérobé chez sa maîtresse, la
duchesse de Montbazon, dite souvent Marie de
Bretagne. À peine entré dans la chambre, il se heurte à
la tête de cette dernière, tombée d'une chaise, et qui a
roulé sur le sol. Le corps gît sur le lit, décapité. Nous
sommes en 1637.
Paul Louis Rossi, poète, écrivain, fin connaisseur de l’art classique et de l’art d’aujourd’hui,
nous convie à suivre les traces d’Artemisia Gentileschi, cette femme peintre incontournable
du début du XVII
e
siècle italien.
Texte
Artemisia Gentileschi ou
les Démons de l'Analogie
Paul Louis Rossi
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