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Expositions
Ernest Pignon-Ernest
Espace Rebeyrolle, Eymoutiers. Du 15 juin au 30 novembre 2014
Commissaire : Jean-Louis Prat
Entretien avec Tom Laurent
faireœuvredes situations
À l’occasion de son exposition à Eymoutiers, Ernest Pignon-Ernest revient sur la
spécificité de sa démarche et ses débuts en art. L’inscription de ses corps dessinés
dans des lieux publics, soit autant d’espaces partagés, trouve son origine dans ces
lieux mêmes, appréhendés dans leurs dimensions spatiale, historique, culturelle
et politique, que ce soit dans les quartiers de Naples, les townships de Soweto, ou
plus récemment à la prison Saint-Paul de Lyon, que l’artiste fait vivre à la lueur de
ses interventions.
Tom Laurent
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Quand l’art des avant-gardes a
cherché, pour une grande part, à intro-
duire des objets réels au sein de l’espace
de l’art – des papiers collés de Braque et
Picasso aux happenings Fluxus, en passant
par les empreintes du nouveau réalisme,
qui voyaient les affichistes prélever dans la
rue la matière de leurs œuvres –, vous, à
l’inverse, collez vos dessins à même l’en-
vironnement urbain. Pouvez-vous revenir
sur la genèse de ce principe générateur de
votre démarche ? Y avait-il une volonté de
votre part d’affirmer le pouvoir des moyens
plastiques de l’art, là où «l’anti-art» voulait
«rendre la vie plus intéressante que l’art »,
par exemple?
Ernest Pignon-Ernest
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Je n’ai jamais pensé vouloir
affirmer je ne sais quel pouvoir de l’art,
mais disons que je visais à une espèce de
conjonction art/réel. Il y a des situations
dans lesquelles la réalité, la vie sont en effet
plus intéressantes que l’art, c’est sur ces
situations que je tente d’œuvrer. Question
genèse justement, la première fois que
je suis intervenu dans l’espace réel en y
figurant une silhouette humaine grandeur
nature (je précise cela car c’est devenu la
base de mes interventions), c’était en 1966.
Ernest Pignon-Ernest,
Linceul.
2012, sérigraphie. Prison Saint-Paul, Lyon.
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