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80
(
artabsolument
)
no 3 • hiver 2003
Note d’atelier
Aboubakar Fofana
Le point limite de la calligraphie
Originaire du Mali, l’artiste Aboubakar Fofana, dans ses créations, s’exprime principalement
à travers le textile et la calligraphie. Pour
(art absolument)
, il a choisi de commenter un pagne
de chasseur, dit
Bogolan
, effectué par les hommes de l’ethnie Bambara.
En bamanankan, la langue la plus parlée
du Mali, le mot “bogolan” désigne à la fois
une technique de teinture à base de pig-
ments végétaux ou minéraux et un univers
graphique dont la vigueur a traversé les
siècles. Le bogolan se décline même
aujourd’hui en multiples produits touris-
tiques, très spontanément identifié à
“l’âme africaine”. Mais il continue égale-
ment à tracer sa route tant à travers ses
formes classiques – vêtements ou parures
– que dans l’œuvre de nombreux plasti-
ciens de l’aire mandingue inscrits dans les
formes et les courants internationaux.
La pièce retenue pour être ici montrée est
assez singulière, assez différente de ce
qu’on voit habituellement. Ramassée pour
être ajoutée au fonds d’un musée d’Europe,
on n’en connaît ni l’auteur, ni la significa-
tion. Mais elle entretient sans conteste une
intime connivence avec l’art de la calligra-
phie. Traces, empreintes, spontanéité du
geste, répétition des motifs. S’y ajoutent ce
rythme syncopé, presque chaotique par
endroits, cette étonnante dynamique des
>
Tissage de soie
en rouleaux (kimono)
2001
Fil teint à l’indigo
et teintures végétales
technique de l’
ikat
40 x 1500 cm