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          (
        
        
          artabsolument
        
        
          )
        
        
          no 14    •    aut omne 2005
        
        
          Philippe Piguet :Quand vous êtes apparu sur la scène artistique
        
        
          à la fin des années 1970, votre travail s’est défini d’emblée
        
        
          dans une référence affirmée à l’histoire de la peinture. De ce
        
        
          fait on l’a volontiers qualifiée de “cultivée” par opposition à la
        
        
          figuration libre. Tel parti pris procédait-il chez vous d’une
        
        
          intention manifeste ?
        
        
          Gérard Garouste : Quand je suis rentré aux Beaux-arts à la
        
        
          fin des années 1960, je n’y connaissais pas grand-chose dans
        
        
          l’art contemporain. Je pensais un peu naïvement qu’il y avait
        
        
          d’un côté la peinture figurative et de l’autre l’abstraction. J’ai
        
        
          alors découvert l’avant-garde de mon époque – not amment
        
        
          le groupe BMPT et l’art conceptuel – et Marcel Duchamp.
        
        
          J’étais tellement troublé par tout cela qu’il m’a semblé que
        
        
          le mieux à faire était de reprendre le problème de la peinture
        
        
          à son origine. Très vite, j’ai compris que ce n’était pas une
        
        
          question de chronologie, qu’il ne me fallait pas remonter aux
        
        
          temps anciens de la préhistoire mais plutôt à l’époque de la
        
        
          Renaissance, c’est-à-dire au siècle doré de la peinture occi-
        
        
          dentale. J’ai donc travaillé ce côté originel de la peinture
        
        
          avec ses empâtements, ses glacis, bref son métier. Je me
        
        
          suis interrogé sur ce qu’était un peintre, sur ce qu’était un
        
        
          tableau, sur ce qu’était une ébauche, et c. Je me suis r endu
        
        
          compte par exemple que faire une ébauche, ce n’était pas
        
        
          seulement préparer la mise en scène d’un tableau mais
        
        
          entrer en complicité avec l’histoire.
        
        
          Philippe Piguet : Est-ce dans cette qualité-là
        
        
          d’intention que v ous v ous en êt es pris au
        
        
          début des années 1980 à des sujets qui sont
        
        
          tantôt mythologiques – je pense à différents
        
        
          tableaux sur Orion –, t antôt religieux – je
        
        
          pense à ce tableau de
        
        
          Sainte Thérèse d’Avila
        
        
          que v ous av ez pr ésenté à la Biennal e de
        
        
          Tours en 1983?
        
        
          Gérard Garouste :Quel est le sujet par excel-
        
        
          lence de la peinture au Siècle d’Or ? C’est le
        
        
          nu, le paysage, la natur e mort e, la sc ène
        
        
          mythologique ou la scène r eligieuse. J’ai
        
        
          tout naturellement cherché à travailler tous
        
        
          ces thèmes…
        
        
          Philippe Piguet : Vous disiez vous-même que
        
        
          c’était par rapport à une situation où vous étiez
        
        
          perdu ; dès lors que vous vous êtes retrouvé,
        
        
          vous avez pourtant continué dans cette voie.
        
        
          Gérard Garouste : Je n’ai jamais eu le senti-
        
        
          ment de m’êtr e retrouvé et si j’ai en eff et
        
        
          continué dans c ette v oie, c’es t sans êtr e
        
        
          convaincu du chemin emprunté. La seul e
        
        
          chose qui me rassure dans cette aventure,
        
        
          Face à la critique radicale de l’acte de peindre, reprendre la peinture à l’origine. La confronter
        
        
          aux Maîtres du passé – la Renaissance, le Siècle d’Or. La rendre à la fois actuelle et inactuelle
        
        
          en la mettant au service d’une dimension phil osophique ou métaphysique. Peindre pour
        
        
          créer une complicité avec le spectateur : tels sont les défis de l’artiste.
        
        
          Peinture
        
        
          Gérard Garouste,
        
        
          éloge du questionnement
        
        
          Entretien avec Philippe Piguet
        
        
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