| édito |
(
artabsolument
)
no 14 • aut omne 2005 page
11
De la visibilité des artistes d’aujourd’hui en France et à l’étranger
Saluons l ’initiative de l ’Association F rançaise d’ Action
Artistique qui, conjointement au Ministère de la Culture, a
décidé de réunir deux fois l’an un comité constitué de profes-
sionnels et d’acteurs de l’art en France afin de remédier à la
relative marginalisation des “artistes français” sur la scène
internationale (pour notre part, comme le savent les fidèles
lecteurs de la revue, nous aurions préféré le terme
artistes
vivant en France
tant la présence de créateurs venus d’hori-
zons multiples est non seulement une tradition – il suffit de
penser aux Impressionnistes ou auMontparnasse de l’entre-
deux-guerres – mais une évidence hexagonale).
Nous ignorons quelles vont être les conclusions de ce comité,
mais, au risque de pas ser pour d’obscurs héritiers de La
Palisse, nous sommes per suadés que, si l’on désire que les
artistes vivant en France soient susceptibles de franchir les
frontières, et pour ce, être perçus par des commissaires d’ex-
position, des galeristes et des collectionneurs étrangers, il
faut tout d’abord que ces derniers voient leurs œuvres ! Or,
soyons francs, autant l’attitude nationaliste de certains pays
concernant la défense systématique de leurs propres artistes
nous paraît manquer singulièrement de générosité (et de
curiosité), autant, même s’il y a de not ables exceptions, le
manque d’empr essement de c ertaines ins titutions fr an-
çaises (musées, centres d’art, fondations) pour reconnaître et
faire reconnaître les leurs nous étonne, d’autant plus que cela
n’a rien à voir avec des critères esthétiques (la qualité de la
production de nombre d’artistes vivant en France est une réa-
lité, et ce, quelles que soient leur génération, leur esthétique,
leur médium de prédilection ou leur origine) ; comme nous
étonne le fait que les musées ou les centres d’art régionaux
n’exposent que fort peu d’artistes de leurs régions; ou que les
centres d’art des banlieues ignor ent presque unanimement
la production artistique des minorités qui y vivent…
Les raisons de cet état de fait sont complexes, multiples :
nous ne pouvons pas, dans le cadre de ce simple éditorial,
en faire une réelle analyse. De toute façon, il est moins
urgent de savoir pourquoi que
comment
y remédier (que
l’on ne nous fasse pas le procès d’être “franchouillard” :
c’est trop facile ! Nous sommes les premiers à estimer les
œuvres des gr ands artis tes int ernationaux, mais nous
sommes également capables d’apprécier les œuvres des
artistes vivant ou séjournant en France).
Deux propositions nous semblent tomber sous le sens.
La première, qui paraît simple, est de coordonner, lors de
grandes manifestations internationales (comme la FIAC, la
Biennale de Lyon, etc.), les programmes entre les galeries
privées et les institutions publiques – musées, centres d’art –
pour que les professionnels de l’art venus de l’étranger puis-
sent voir les œuvres des artistes du pays où ils séjournent.
La seconde est d’encourager, voire d’instituer, dans toutes
les expositions d’art contemporain organisées dans des
lieux dépendant de l’État ou de la Région une
parité
entre
les œuvres des artistes vivant en France et celles provenant
du monde entier (nous ne sav ons pas si, à l ’instar de la
représentation des femmes dans les partis politiques, l es
résistances sont telles qu’une loi s’avère nécessaire, mais
la question mérite sans doute d’être posée).
On connaît la force de propagation des œuvres : vues, enfin
vues, nul doute que certaines d’entre elles emporteront
l’adhésion de ceux qui doutent – ici ou ailleurs – qu’il y ait un
art d’aujourd’hui de très grande qualité en France.
Pascal Amel, Teddy Tibi
Éditorial
Paris Expo – Porte de Versailles.
Café des arts
, le vendredi 7 octobre de 14h00 à 15h30.
Animé par
Philippe Piguet
, critique d'art et commissaire d'exposition,
avec les artistes
Philippe Cognée
,
Carole Benzaken
,
Gregory Fortsner
,
Valérie Favre
,
Philippe Hurteau
,
Bernard Joisten
.
À l'instar de quelques-uns de leurs aînés, par exemple Jacques Monory envers les images du
cinéma ou Gérard Garouste, pour l’histoire de l’art, la nouvelle génération d'artistes peintres
en France se réfère à un univers visuel déjà constitué : photographie, vidéo, TV, œuvres du passé, “manière” de tel mouvement
artistique ou citation de tel ou tel chef-d'œuvre. Débat sur l'émergence de cette nouvelle sensibilité à la fois conceptuelle et picturale.
Peindre
d’après
Fiac 2005