Art Absolument 87 - janvier/avril 2019 - aperçu - page 26

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Propos d’
Ann Hindry
recueillis par
Teddy Tibi
Ouvrant pendant longtemps le parcours des collections
contemporaines du Centre Pompidou, peu savent que la
longue frise machinale intitulée
Requiem pour une feuille
morte
par Jean Tinguely était un dépôt de la collection
Renault. CommeArman, Dubuffet, LeParcouSotoàpartirde
la fin des années 1960, l’artiste a bénéficié des technologies
des ateliers de la firme automobile pour y développer son
propre vocabulaire. Alors que la collection s’expose à la
fondation Clément en Martinique, Ann Hindry, qui en est
chargée depuis 1996, revient sur cette histoire collaborative
dont elle a récemment relancé l’esprit de production.
RENAULT,
PRODUIRE
ET COLLECTIONNER
/
COLLECTIONNER
/
Renault, l’art de la collection
Fondation Clément, Le François (Martinique)
Du 9 décembre 2018 au 17 mars 2019
Commissariat : Ann Hindry
Vue de l’exposition
Renault. L’Art de la collection
,
Fondation Clément, Le François, 2018.
Jean Tinguely.
Requiem pour une feuille morte.
1967, bois et fer peints, câbles et divers matériaux, 305 x 1105 x 80 cm.
Teddy Tibi :
Pour revenir sur l’histoire de la collection
Renault, pouvez-vous décrire le caractère singulier
de cette initiative dans la France des années 1960?
Ann Hindry :
L’axe choisi pour mettre en marche cette
collaboration était tout à fait original puisqu’il ne s’agis-
sait pas d’acheter des œuvres, mais d’aller à la rencontre
des artistes et de leur proposer une coopération. En tant
que grande entreprise, Renault possédait toutes sortes
de moyens (machines, outils, ateliers, département du
design) pouvant intéresser les artistes et les aider dans leur
démarche. Ils étaient donc accueillis par l’entreprise et
bénéficiaient de tout ce dont ils avaient besoin. Moyennant
quoi, ils réalisaient une production et Renault en gardait
une partie, tandis que la plus grande part leur revenait.
C’était vraiment généreux et original, d’autant plus que
l’art contemporain dans les années 1960 n’était pas ce qu’il
est maintenant. S’il existait une scène française vivante –
avec notamment les galeristes Iris Clert ou Denise René, qui
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