68
Une régénération créatrice
«Prénommé František à sa naissance en Bohême en 1871, devenu François à Paris,
il mourra sous le nomde Franck en 1957 à Puteaux. Cette identitémobile correspond
à l’incertitude de son statut parmi les fondateurs de l’art abstrait », rappelle avec
humour Serge Fauchereau en spécialiste de Kupka. Première rétrospective depuis
celle de 1989 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, cette riche présentation
chronologique apporte un nouvel éclairage sur une œuvre complexe, tout à la fois
réaliste et abstraite, rationnelle et intuitive, fruit de la réflexion et miroir de l’incons-
cient. Kupka est un des points de départ d’un système de lois et de principes esthé-
tiques qui seront les conducteurs de l’art abstrait dont il est l’un des fondateurs. Sa
perception analytique des tempsmodernes semarie à sa culture de lamétaphysique
antique et médiévale, à la théosophie comme aux idéaux anarchistes.
Son inspiration prend sa source dans le symbolisme viennois nourri d’un héri-
tage spirituel et philosophique propre à l’Europe centrale. La légende rapporte
GRAND PALAIS
Kupka, pionnier de l’abstraction
Grand Palais, Paris. Du 21 mars au 30 juillet 2018
Commissariat : Brigitte Leal, Markéta Theinhardt et Pierre Brullé
Kupka,
František
l’âme des cristaux
František Kupka est le grand oublié du club desmousquetaires
de l’abstraction, qui a retenu les noms de Kandinsky,
Malevitch, Delaunay et Mondrian ! La rétrospective
organisée au Grand Palais répare cette négligence et propose
un voyage magistral à travers son œuvre, de sa Bohême
natale à Vienne puis Paris. En suivant le chemin de ce génial
créateur de l’Art nouveau, on parcourt l’univers des formes
du symbolisme à l’abstraction.
PAR RENAUD FAROUX
La Gamme jaune.
1907, huile sur toile, 79 x 79 cm.
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris.
