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FRANÇOIS JEUNE |
La vue de ton atelier de Château-Chalon dans le
Jura, perché sur une falaise, étire le regard comme dans beaucoup de
tes œuvres. Quel rôle a le paysage dans ton travail ?
CAMILLE LLOBET |
L’atelier dans lequel nous sommes est attenant à
la chambre où j’ai pris à l’âge de seize ans la décision d’être peintre.
L’événement initial a eu lieu un jour particulier où la perception du pay-
sage, que je voyais pourtant quotidiennement, a commencé à prendre
une tournure inédite, une sorte de sentiment océanique révélant les
résonances infinies de la profondeur de la lumière et rendant tangible la
distance comme une matière physique. Au même moment, j’ai peint une
petite gouache qui représentait l’horizon tournant autour du soleil dilué
dans des cercles colorés. Manifestation lumineuse pour traduire cette
expérience de pensée qui fut un point de départ. Mais en vis-à-vis de
ce paysage, il y avait dans cette chambre un autre horizon – plus mental
celui-ci – représenté dans la gravure
La Mélancolie
d’Albert Dürer, dont
je possédais une reproduction depuis mon enfance. Cette œuvre nous
donne la possibilité d’accéder à des lointains et des abstractions par
l’intermédiaire de choses concrètes et quotidiennes. C’est une image
complexe et fascinante qui a une parenté avec d’autres œuvres à dis-
positifs énigmatiques que j’affectionne particulièrement :
Les Ménines
de Vélasquez, le
Bar aux Folies Bergères
de Manet, les
Nymphéas
de
Monet et, au début du XX
e
siècle,
Le Grand Verre
de Duchamp ou le
Modulateur espace-lumière
de Moholy-Nagy. Des œuvres dont on
Ce printemps, Bernard Moninot expose simultanément
sa pratique aiguë de la construction en verre et de son
ombre comme une «matière-mémoire» et sa mise en
œuvre fine du dessin et de la transparence. À une plas-
ticité diaphane tendue en surface correspondent d’infi-
nies tensions en profondeur. Ses mises en échos à partir
d’une matrice «dessin dans l’espace» nous emportent
dans l’engrenage du temps.
> ENTRETIEN AVEC FRANÇOIS JEUNE
chambre d’écho
Bernard Moninot. Chambre d’écho
Galerie Jean Fournier, Paris
Du 15 mars au 4 mai 2018
Bernard Moninot. Cadastre
Galerie Catherine Putman, Paris
Du 17 mars au 4 mai 2018
BERNARD
MONINOT,
