Art Absolument 82 - Mars / Avril 2018 - aperçu - page 27

93
GÉRALDINE BLOCH |
Comment avez- vous imaginé ce quatre-mains
au Palais de Tokyo avec Jean-Jacques Lebel ?
KADER ATTIA |
L’idée était de créer un dialogue entre Jean-Jacques
et moi car nous partageons beaucoup de choses et il nous semblait
intéressant de les donner à voir au public. Dans cette sorte d’agora,
de village, nous invitons des artistes connus et anonymes comme
des prolongements de notre pensée. Jean-Jacques Lebel a beaucoup
travaillé ce qu’il appelle les
détournements
et moi je continue de tra-
vailler sur la
réparation
. Je veux envisager l’œuvre d’art comme une
réparation. On répare toujours quelque chose. Il y a là un mouvement
qui tend à être une amélioration, un prolongement, une transforma-
tion, une réappropriation, même une destruction parfois, mais ce n’est
pas statique. Il y a acte.
Comme certains masques de cérémonie, les œuvres
de Kader Attia ont pour rôle d’exciter, d’agiter le réel
pour rééquilibrer momentanément les disharmonies
du monde. Avec
L’Un et l’Autre
au Palais de Tokyo et
Les racines poussent aussi dans le béton
au MAC/VAL,
l’artiste conjugue éclectisme des formes et pensée
rhizomique pour démystifier l’histoire nationale. Entre
expériences vécues et constructions mentales, il par-
vient à faire exister la parole inaudible, les preuves man-
quantes. Kader Attia revient sur le sens de sa démarche
qui consiste à intervenir au cœur des rapports de domi-
nation et des politiques discriminatoires intériorisées
pour rendre palpable l’immanence des corps, la voix
des autres, même absents.
> ENTRETIEN AVEC GÉRALDINE BLOCH
avanies et prophylaxies
L’Un et l’Autre. Un projet de Kader Attia & Jean-Jacques Lebel
Palais de Tokyo, Paris
Du 16 février au 13 mai 2018
Kader Attia. Les racines poussent aussi dans le béton
MAC/VAL, Vitry-sur-Seine. Du 14 avril au 16 septembre 2018
Commissariat : Frank Lamy assisté de Julien Blanpied
KADER
ATTIA,
1...,17,18,19,20,21,22,23,24,25,26 28,29,30,31,32,33,34
Powered by FlippingBook