Art Absolument 82 - Mars / Avril 2018 - aperçu - page 16

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« Nous retournerons tous au Bateau-
Lavoir. Nous n’aurons été vraiment
heureux que là », dira Picasso, presque
quarante ans après avoir quitté ce lieu
devenu mythique où le Catalan et
quelques autres  – Derain, Modigliani,
Freundlich ou Vlaminck – se réunissaient
pour révolutionner la peinture. Voilà qui
attire le jeune Van Dongen : probablement
aidé par Picasso, il séjourne au Bateau-
Lavoir de fin 1905 à début 1907, avant
d’avoir d’autres ateliers, rue Lamarck, puis
rue Saulnier, jusqu’en 1913. Cette période
montmartroise durant laquelle il peint la
vie sur la Butte, le Sacré-Cœur, les cafés,
les ateliers, les bals et jeux amoureux dans
des œuvres comme
Les Fêtards
ou
Femme
rattachant son jupon
(1903) sera décisive
pour sa carrière. Il y deviendra l’un des
Entre 1789 et 1914, nombreux sont les artistes hollandais qui affluèrent
vers Paris pour se faire une place dans la capitale des arts. De là, des
amitiés se nouent – Ary Scheffer reçoit par exemple Delacroix, Ingres et
Vernet chez lui, rue Chaptal – et les correspondances artistiques se mul-
tiplient : Kaemmerer emprunte à Degas son thème des danseuses et, plus
tard, Mondrian s’inspire du cubisme de Braque et Picasso qu’il dépasse en
rejoignant, par leur entremise, la voie de l’abstraction. Réciproquement,
les Français enrichissent leur peinture à leur contact. Si la palette de Van
Gogh s’éclaircit lorsqu’il rencontre la manière des impressionnistes, ils
découvrent quant à eux une certaine touche hollandaise héritière du
Siècle d’or. À l’occasion de la saison hollandaise à Paris, le Petit Palais
revient sur cette période, retraçant un siècle de création artistique par
la sélection de neuf peintres majeurs  : Van Spaendonck, Scheffer, Maris,
Jongkind, Kaemmerer, Breitner, Van Gogh, Van Dongen et Mondrian for-
ment les jalons d’un parcours chronologique, depuis les natures mortes
fleuries de la seconde moitié du XVIII
e
siècle à la nouvelle grammaire
formelle des avant-gardes modernes. S’attachant à reproduire une atmos-
phère propre à chaque artiste, la scénographie opère par ailleurs de
nombreuses mises en regard  : Géricault, David, Millet, Signac ou Picasso
sont successivement convoqués, pour permettre au visiteur de constater
combien ces voyages furent prolifiques.
EN
précurseurs du fauvisme aux côtés de
Vlaminck et Matisse, agrémentant pré-
cocement sa palette de couleurs écla-
tantes, que confirmeront ses voyages en
Espagne et au Maroc en 1910. Son amitié
avec Picasso  – doublée d’une rivalité
artistique – est à l’origine des
Lutteuses de
Tamarin
en 1908  : l’hiératisme et la virilité
des lutteuses, faisant oublier leur nudité
et leur retirant toute dimension érotique,
ouvrent une voie alternative au traite-
ment cubiste des
Demoiselles d’Avignon
.
Réunissant environ soixante-cinq œuvres
de l’artiste, l’exposition rappelle encore
ses talents d’illustrateur – de revues, mais
aussi des monuments littéraires de Proust
ou d’Anatole France  – ou sa carrière de
peintre mondain, par lequel le Tout-Paris
se fit portraiturer.
EN
Les Hollandais
à Paris. Petit Palais, Paris.
Du 6 février au 13 mai 2018
Van Dongen et le Bateau-Lavoir
. Musée de Montmartre, Paris.
Du 16 février au 26 août 2018
VAN DONGEN
ET L’ÂGE D’OR MONTMARTROIS
UN SIÈCLE D’ÉCHANGES
FRANCO-HOLLANDAIS
/
ACTUALITÉS
/
Les Artistes du cirque.
1904, pinceau et encre
noire, lavis gris, aquarelle, gouache sur papier.
Collection David J. Barnett.
Courtesy David Barnett Gallery, Milwaukee.
Vincent van Gogh.
Vue depuis l’appartement de Theo.
1887, huile sur toile, 45,9 x 38,1 cm. Van Gogh Museum, Amsterdam.
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