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Ismaïl Bahri. Instruments
Jeu de Paume, Paris.
Du 13 juin au 24 septembre 2017
Ismaïl Bahri
Galerie Selma Feriani, Tunis
Du 28 septembre au 30 novembre 2017
révéler ou cacher. Dès lors, l’artiste leur
cède le pouvoir…Et observe lentement l’évo-
lution de l’œuvre qui s’imprègne de sons, de
lumières ou d‘eau – reprenant à son compte
la loi de Lavoisier : «Rien ne se perd, rien ne
se crée, tout se transforme.»C’est justement
la transformation, la variation et l’émulsion
des choses qui étonnent Ismaïl Bahri, jusqu’à
l’envoûtement. Pour l’artiste, le parcours de
cette exposition établit «une ouverture pro-
gressive, unélargissement allant d’un rapport
de grand proximité au corps et aux choses,
d’expériences réalisées dans des espaces
clos et intimes vers une abstraction blanche,
où les images se simplifient, s’épurent puis
se retirent. Paradoxalement, plus on va vers
la lumière, plus l’agitationextérieure– le vent,
les voix, la villemais aussi et le contexte socio-
politique – fait son apparition».
Ligne
(2011) est la toute première vidéo : la
taille imposante de la projection attire puis
cloue sur place, avant que la perception
d’une goutte luisante sur un avant-bras
tendu pousse à aller vers elle. Ce va-et-
vient du spectateur fait immédiatement
écho à l’image que l’on croyait d’abord fixe
puis qui, soudain, semet enmouvement par
les impulsions du corps, concrétisant trois
notions récurrentes dans la pratique d’Is-
maïl : le travail à petite échelle, la fragilité
et la lenteur. Cette dernière se fait entendre
à travers les vidéos
Sondes
(2017) et
Film
(2012).
Sondes
donne à voir le creux d’une
main marquée par le temps, recueillant
lentement des grains de sable dont la pro-
venance transgresse notre champ de vision.
Au fur et à mesure que la main se remplit,
elle fait corps avec le tas de sable, jusqu’à
lâcher prise, instruisant notre faculté de
concentration, d’observation et de focalisa-
tion. Dans lamême salle,
Film
fait apparaître
sur trois écrans juxtaposés une longue série
d’expériences de déroulements autonomes
de papier journal au contact d’une surface
d’encre humide, rappelant à s’y méprendre
Réunissant ses vidéos les plus embléma-
tiques, le Jeu de Paume lui consacre cet
été une exposition personnelle intitulée
Instruments
, articulée autour de huit vidéos,
dont trois –
Sondes
,
Esquisse, pour E. Dekyndt
et la nouvelle version de
Revers
– ont été spé-
cialement produitespour l’occasion. Le travail
de Bahri est fondé sur l’exploration de petits
éléments simples. Des matériaux ready-
mades comme le papier, le fil, l’encre et le
tissu sont froissés, noués, déclinés, trans-
formés, mis en mouvement dans des gestes
répétitifs et lents, faisant apparaître lesmains
de l’artiste, ou celles d’autres personnes.
D’autres éléments, comme la lumière, l’eau
et le vent, ajustent leur emprise sur le travail
artistique et décident des images à vouloir
Film
.
2012, série de vidéos HD 16/9,
durées variables.
