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PAVILLONS NATIONAUX,
LES TRAVERSÉES DU TEMPS
Malgré un très bel accrochage et l’accent
mis avec justesse sur des œuvres rares, le
mantra psalmodié demanière élégantemais
distante par
Viva Arte Viva
fait finalement
moins de bruit que le formidable chœur
dissonant entonné par les pavillons de 87
nations. S’efforçant de lutter contre l’état du
monde, tous les pavillons, de quelque pays
qu’ils soient, du Nigeria aux îles Kiribati,
petits ou grands, riches ou pauvres, sur-
représentés ou sous-exposés – et qu’ils se
tiennent dans les pavillons immuables des
Giardini ou dans des lieux plus inattendus,
loués pour la circonstance, dans tout l’espace
de la Sérénissime –, font de l’art comme si
Loin du
Summer of love
de 1967 que souhaiterait réanimer l’exposition interna-
tionale, les pavillons nationaux de la Biennale de Venise réinventent de nouvelles
formes artistiques temporelles, immersives et narratives, qui prennent la forme
de sermons, de récits et de prières pour le XXI
e
siècle, notamment autour de la
Méditerranée. Un
Summer of pray
?
PAR EMMANUEL DAYDÉ
leur vie – et la vie – en dépendait. Comment
comprendre autrement l’accueil ému fait dès
le premier jour à l’hypnotique performance
de 4 h 30 de l’artiste allemande Anne Imhof –
38 ans et déjà récompensée par un Lion
d’or ? Dirigés par les SMS que la metteuse
en scène envoie sur leurs smartphones, les
jeunes gens androgynes, hâves et blêmes,
de noir vêtus et de chair dévêtus, de ce
Faust
carcéral nouveau genre – qui vendent
leur âme au diable (comme dans le drame
de Goethe) en même temps qu’ils lèvent le
poing («
faust
» en allemand) –, luttent et se
serrent dans des postures sadomasochistes,
rampant sous un plafond de verre sur lequel