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(
artabsolument
)
no 8 • printemps 2004 page
79
Le Laos est un petit pays enclavé d’ancienne tradition royaliste et bouddhique – et, depuis 1975, de stricte obé-
dience communiste. En dépit d’une récente et timide ouverture à l’extérieur, il semble toutefois figé dans un
archaïsme certain, tiraillé entre tradition tolérante et austérité militante. Quelle peut être dans ce contexte la
place aujourd’hui dévolue à la création plastique entre imagerie de propagande socialiste et images publicitaires
“mondialisantes”.
Le profond enclavement au cœur de la péninsule indochinoise semble avoir soustrait le Laos aux influences et
aux courants artistiques dominants, ce qui a permis l’éclosion
in situ
d’une création originale à bien des égards
surprenante.
Cette création, en effet, ne s’est pas développée autour de galeries, d’écoles ou de musées, et n’a suscité pour
l’heure aucun marché. Mais elle n’en existe pas moins à sa manière dans les monastères bouddhiques – les
Vat –
où elle a germé et s’est développée. Ces
Vat
peuvent dès lors être considérés comme sites d’expérimen-
tation artistique où la dévotion et la création d’images s’expriment de façon libre et parallèle, dans un registre
manifestement populaire.
Ailleurs
Le
Vat
ou l’art des pagodes au Laos
Par Michèle-Baj Strobel,
photographies de Philippe Coste
Lieu de dévotion et de création
Les
Vat
sont d’abord des lieux de cultes, de prières et de
dons. Ils sont aussi et surtout des lieux de rencontres,
de contacts entre le monde des laïcs et celui des reli-
gieux, avec une forte connotation de dévotions simples,
de superstitions et de jubilations populaires. Vers les
années 1980, le régime, en se libéralisant, a permis à la
communauté religieuse de renouer avec les fidèles, les
offrandes et les dons, qui ont suscité un renouveau de
constructions. Mais ce n’est qu’après la désintégration
du bloc communiste en Europe, vers 1990-1992, que le
régime laotien s’est de nouveau tourné vers la religion
dans une sorte de quête de légitimité et de re-formula-
tion nationale. On a assisté, dès lors, à une reviviscence
des cultes qui se manifeste encore par d’intenses acti-
vités de restauration et d’extension des temples. Mais
où sont et que font les artistes?
Dans la ville moderne, en observant ce qui perdure et ce
qui change, on est avant tout confronté à un flux, à
quelque chose demouvant et de perpétuellement évolu-
tif. Flux du trafic dans lequel il faut s’immiscer, flux des
personnes, des influences. Le mouvant semble plus
prégnant que la pérennité des choses. L’ancien n’est pas
sauvegardé spontanément, on restauremal, ou avec des
matériaux inadaptés, en bétonnant et en oubliant le
savoir-faire d’antan. On ne cherche pas à retenir les
formes dans leur originalité. Pourtant, il existe bien un
culte de la relique, du reliquaire et surtout de l’image,
mais la relation à la dévotion semble se réaliser d’abord
dans la gestuelle, la pérégrination et le déplacement.
Entrée du
Vat
Si Muang.
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