Page 19 - Aperçu AA8 printemps 2004

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page 80 (artabsolument ) no 8 • printemps 2004
L’épanouissement des formes plastiques, en sculpture
et en architecture, emprunte des voies complexes de
courbes et contre-courbes, de rinceaux en diagonale, de
tangentes. Ces formes semblent relever de la plasticité
de l’engendrement et de la métamorphose.
C’est bien dans les pagodes que se donnent à voir des
œuvres qui nous transportent et nous permettent d’ex-
plorer sensiblement la société que l’on découvre. Qu’il
soit en bordure du fleuve ou enclos dans un jardin, le
temple semble ouvrir l’espace, il rayonne, se déploie
et, porté par l’impulsion rythmique des ailes du toit, sa
présence agit comme un appel. À l’intérieur “animé”,
coloré, qui semble traversé d’un souffle vital, émerge
alors le sentiment d’une intemporalité qui nous délivre
de notre finitude. On est fasciné par le pouvoir des
images agissant depuis l’ombre où elles semblent en
attente de nos regards, de notre gestuelle, du flux de
l’eau lustrale et des volutes d’encens. Et si c’était là,
dans les Vat, que l’art et la création plastique avaient
aujourd’hui élu domicile?
On cherche vainement, en effet, à Vientiane, une trace
de ce qui pourrait s’apparenter à un art laïque, et qui
serait l’émanation d’un regard sur le monde actuel ou
sur la situation post-coloniale et l’ouverture du pays.
Là encore, où sont les artistes ? Pour essayer de com-
prendre, il est peut-être nécessaire de faire un retour
sur la situation passée.
Propagande et académisme local
Malgré la création d’une école d’arts appliqués, vers
1941, sous la direction du peintre français Marc Leguay
(1910-2001), et l’existence d’une école des Beaux-Arts à
Vientiane depuis les années soixante, on ne peut pas
parler de scène artistique contemporaine au Laos :
absence de lieux d’exposition, de galeries, de critiques,
de musées, de débats tout simplement. De tous les
anciens pays d’Indochine française, c’est au Vietnam
que l’on observe le mieux l’apport des esthétiques
Mae, VatSi Muang. Devata (Sirène).
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