une image que je vais accepter de toute manière. Mon
art se nourrit de rapports de couleurs, de rapports de
tonalités et de rapports de tension entre les couleurs.
La manière, le faire, la touche, ce sont là les critères
qui le déterminent et qui le caractérisent. Cela pro-
cède essentiellement du support qui ne restitue pas
forcément ce qu’on pourrait en attendre puisque
c’est un tissu qui va répondre à sa manière à la cou-
leur qu’on pose dessus. Ce n’est pas un support idéal.
Il peut être très absorbant mais il peut être aussi très
franc et prendre la couleur dans son étalement le
plus parfait. Il peut me donner des auréoles ou opérer
par capillarités. Chaque fois, la première intervention
sur la toile me donne une information sur ce qui va se
passer et me conduit à inventer en quelque sorte la
technique que je vais employer.
Philippe Piguet
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Compte tenu du principe de
répétition formelle qui fonde votre
démarche, on pourrait penser qu’elle
est une façon de refuser l’image ?
Claude Viallat
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Au contraire, c’est toujours
une image inventée puisque c’est une
Claude Viallat
Peintures et objets, questions de modèles
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Peinture
image à la fois attendue et inattendue. Si, au départ,
c’est la répétition de la même forme, au-delà je
prends ce que le travail me propose, c’est-à-dire que
je mets en œuvre un système qui me donne un résul-
tat que j’accepte quel qu’il soit et que je ne cherche
pas à enjoliver. C’est le système qui est important, le
système de travail qui va obligatoirement me donner
Entretien avec Philippe Piguet
Claude Viallat.
Objet sans titre n° 020.
2003, empreinte de main sur racine flottée, 36 x 31 cm.
Claude Viallat, Les toiles postales
Musée de La Poste, Paris
Du 24 septembre au 22 février
| ACTU |
Depuis plus de 40 ans, Claude Viallat développe un œuvre majeure qui en appelle à
l’exclusivité d’une forme. Son choix procède de la volonté qu’il a eue très tôt de se
débarrasser à tout jamais d’une quelconque préoccupation formelle. Paradoxe magistral,
un Viallat n’est jamais semblable à un autre Viallat et chacune des expositions de
l’artiste s’offre à voir dans un perpétuel renouvellement. Moins familière est toute une
production d’objets bricolés que l’artiste fait à partir de bouts de bois et de ficelles glanés
ici et là. Peintures et objets, Claude Viallat nous confie ce qu’il en est des manières et
des influences qui ont présidé à leur création.