printemps 2007 • no 20 •
(
artabsolument
)
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empruntées au monde végétal et au
règne animal, Kâlidâsa égrène les
charmes et les attraits incomparables
de la jeune déesse, dont la grâce finira
du reste par détourner des rigueurs de
l’ascèse le dieu Shiva : ses bras,
affirme le poète, sont plus délicats que
la fleur du
shirîsha
, ses mains aux
ongles charmants font honte aux
pétales des fleurs de l’arbre
ashoka
, sa
voix est pareille à un ruisseau
d’ambroisie, ses yeux pareils au lotus
et son regard semblable à celui de la
gazelle, son sourire possède l’éclat de
la perle sur le lapis, ses cuisses sont
fraîches et fermes comme la trompe
des plus nobles éléphants ou le tronc
du bananier… Et le poète de résumer et
de clore son éloge de la beauté de la
jeune déesse par ce vers des plus
explicite : « Le Créateur de l’univers
accumula tous les objets qui peuvent
servir de comparaison, au rang qui leur
convenait puis, avec une grande atten-
tion, il fit Umâ d’une beauté unique,
afin, sans doute, qu’on ne pût résister
au désir de la contempler. » (I, 49). Ainsi
était clairement défini l’idéal indien de
la Beauté féminine, laquelle, pour le
grand poète de l’Inde classique comme
pour les artistes de son temps, était
fille de l’Analogie, et résultait de
conventions et de visions idéalisées
jugées seules à même de gouverner et
de transcender les canons de la simple
beauté humaine.
Deogarh.
Début VI
e
siècle, période gupta, sculpture.
© La Collection / Jean-Louis Nou.
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