Art Absolument 94 - octobre/novembre 2020 - Aperçu - page 21

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Lorsqu’il occupait il y a quelques années un
atelier dans le Marais à Paris, Guy de Malherbe
remarquait au sujet de cet espace qu’il lui trou-
vait la qualité d’«un monde clos, à l’image d’une
boîte crânienne ». Dans celui qu’il a aménagé
dans un commun du château de Poncé-sur-le-
Loir dont il a fait l’acquisition il y a une dizaine
d’années, une même relation au temps semble
régner. «J’y travaille, j’y bois, j’y fume et parfois
même j’y dors», confie-t-il à propos du lieu qui
a vu naître ses peintures de
Reliefs
. Car clos
ne s’entend pas sans vie, mais bien plein d’une
intériorité dont ses peintures de dormeuses
repliées en elles-mêmes dans les années 2000
se faisaient le manifeste. Pour autant, ce démé-
nagement est peut-être aussi celui d’un retour
à des sensations tout aussi fondatrices : né en
1958, Guy de Malherbe a grandi dans un village
voisin et le château de Poncé subsiste pour lui
comme « le lieu d’une de ses premières émo-
tions artistiques» – quand sa mère l’y emmenait
voir les potiers y ayant installé leurs tours dans
les années 1960.
« La peinture échappe toujours », affirme Guy de
Malherbe. Joliment intitulés
Reliefs
, les tableaux
de coquilles d’huîtres et de côtes d’agneau au
sortir d’un repas qu’il s’est mis à peindre il y a deux
ans pourraient laisser songer qu’il en avait fini avec
l’abrupt des paysages normands qu’il translatait
précédemment à l’atelier. Il n’en est rien, et c’est
à une quête en forme de vertige perpétuel que se
laisse mener Malherbe au sein de la discontinuité
apparente de sa peinture.
PAR TOM LAURENT
Guy de Malherbe,
par strates
Guy de Malherbe. Reliefs
Galerie La Forest Divonne, Paris
Du 17 septembre au 31 octobre 2020
Reliefs : trois huitres.
2020, huile sur toile, 81 x 100 cm.
Courtesy galerie La Forest Divonne, Paris / Bruxelles.
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