Art Absolument 80 - Novembre/Décembre 2017 - Aperçu - page 19

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JEAN-FRANÇOIS
MILLET
LES MOISSONS
DU CIEL DE
Jean-François Millet
Palais des Beaux-Arts de Lille
Du 13 octobre 2017 au 22 janvier 2018
Commissariat : Bruno Girveau, Chantal Georgel et Annie
Scottez-de Wambrechies
Il y a un malentendu Millet. On le juge cocardier et
mièvre alors qu’en 1848 il était considéré, avec son
Vanneur
, comme un révolutionnaire issu des barricades,
et que lui-même dans sa peinture « évitait avec une
espèce d’horreur (tout) ce qui pourrait regarder vers le
sentimental ». On le croit bouseux illettré («un être mal
équarri », dira Huysmans), c’était un lecteur avide de
Montaigne ou de Victor Hugo et un érudit capable de lire
Virgile en latin. On compare son naturalisme agraire
au réalisme social de Courbet, alors qu’il se défie de
tout engagement « socialiste » et qu’au salon de 1850,
face aux
Casseurs de pierre
ouvriers du maître d’Or-
nans, il envoie un
Semeur
agricole au champ, qui paraît
Qui a peur de Jean-François Millet ? Le musée
d’Orsay peut-être, qui a déprogrammé la rétros-
pective de l’artiste, celui de Boston, qui refuse tout
prêt de sa fantastique collection, mais pas les édi-
tions Citadelles et Mazenod, qui lui consacrent un
livre-somme, ni Lille, qui accueille un bouleversant
survol d’un œuvre étrange, à la fois romantique,
réaliste, symboliste, impressionniste, primitiviste
et même écologiste. Chaînon manquant entre
Géricault et Monet, Millet sème aujourd’hui un
grain qui ne meurt pas.
PAR EMMANUEL DAYDÉ
BEAUX-ARTS DE LILLE
L’Homme à la houe.
Vers 1860-1862, huile sur toile, 81,9 x 100,3 cm.
The J. Paul Getty Museum, Los Angeles.
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