 
          
            61
          
        
        
          
            Nuit Blanche 2016
          
        
        
          35 projets au fil de la Seine, Paris
        
        
          Le 1
        
        
          er
        
        
          octobre 2016
        
        
          En 2002, Jean Blaise imaginait pour Paris le scéna-
        
        
          rio nocturne de la première édition de
        
        
          Nuit Blanche
        
        
          .
        
        
          Et n’oubliait pas de préciser à quel point «
        
        
          Nuit
        
        
          Blanche
        
        
          doit être populaire ». À l’heure de sa 15
        
        
          e
        
        
          édition, la manifestation peut compter avec l’afflux
        
        
          du public : en moyenne, 1,5 million de personnes
        
        
          arpentent à chaque fois la constellation artistique
        
        
          dessinée par cet « ovni » dont les émules élec-
        
        
          trisent les nuits de petites villes comme de grandes
        
        
          capitales – Bruxelles, Rome, Montréal, Melbourne,
        
        
          Bogota… et Port-au-Prince depuis 2014. Appelé
        
        
          avec le Palais de Tokyo qu’il dirige à piloter la mani-
        
        
          festation en 2016, l’occasion est donnée à Jean de
        
        
          Loisy de revenir sur ses fondamentaux.
        
        
          Tom Laurent |
        
        
          
            Relativement à l’accompagnement d’artistes
          
        
        
          
            comme Anish Kapoor ou Huang Yong Ping dans des pro-
          
        
        
          
            jets monumentaux et à votre direction du Palais de Tokyo
          
        
        
          
            depuis 2011 – où vous passez sans complexes de l’évé-
          
        
        
          
            nement à l’exposition –, qu’est-ce qui différencie encore
          
        
        
          
            la conception d’une manifestation comme
          
        
        
          
            
              Nuit Blanche
            
          
        
        
          
            ?
          
        
        
          Jean de Loisy |
        
        
          Quand l’on travaille dans la ville, la question
        
        
          de l’échelle se pose immédiatement. Il faut associer
        
        
          des œuvres qui aient suffisamment de puissance pour
        
        
          répondre à la force architecturale des lieux et à celle de
        
        
          l’histoire. Paris offre la traversée d’un univers de révolu-
        
        
          tions, de contestations, et également une grande poésie. Il
        
        
          est primordial d’y réagir, en faisant vraiment intervenir les
        
        
          artistes à ce sujet. D’autre part, la construction d’un récit
        
        
          doit se dégager de ce que l’on aura vécu. Une continuité
        
        
          lisible est nécessaire pour que ce ne soit pas seulement
        
        
          des micro-événements éparpillés dans la ville. 2016 voit
        
        
          la 15
        
        
          e
        
        
          édition de
        
        
          
            Nuit Blanche
          
        
        
          et, pour la première fois,
        
        
          la Mairie de Paris a proposé à une institution – le Palais
        
        
          de Tokyo – d’être commissaire. Cela change tout. Notre
        
        
          particularité, c’est d’avoir une relation spéciale avec l’idée
        
        
          même de métamorphose. Dès que l’on fait une exposition
        
        
          au Palais de Tokyo, le lieu lui-même n’est pas recon-
        
        
          naissable. Cette faculté de métamorphose que le Palais
        
        
          de Tokyo essaye d’instiller avec les artistes se trouve au
        
        
          cœur de
        
        
          
            Nuit Blanche
          
        
        
          . Il y a là une forme rituelle qui s’est
        
        
          installée : c’est très important de parvenir à créer des
        
        
          rituels laïques dans le monde urbain. Le monde agraire
        
        
          en a eu pendant longtemps, au moins jusqu’au début du
        
        
          XX
        
        
          e
        
        
          siècle. Le symbole le plus évident en est le carnaval et
        
        
          ses inversions, mais il y en a beaucoup d’autres, comme
        
        
          Stéphane Thidet.
        
        
          
            Solitaire.
          
        
        
          2016, installation au Collège
        
        
          des Bernardins, Paris,
        
        
          production Rubis Mécénat Cultural Fund.
        
        
          Courtesy Galerie Aline Vidal
        
        
          et galerie Laurence Bernard.