Apercu AA64 - mars/avril2015 - page 11

L’expérience du dessin
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Dossier
Inselberg.
2015, collage de gravures, 30 x 40 cm. Courtesy galerie de Roussan, Paris.
occupe de théories de représentation de
l’espace, mon rapport à mon travail passe
largement par une approche sensible : je
compose mes pièces par assemblage, de
proche en proche, en travaillant simulta-
nément depuis plusieurs points de départ
sur le même support, ou sur plusieurs sup-
ports à la fois. » C’est donc en introduisant
des rapports immédiats entre ses motifs
qu’elle échafaude son œuvre. En ordonnant
l’espace ainsi, en proposant d’un seul tenant
des points de vue inconciliables, Claire
Trotignon assemble sur le mode de la ful-
gurance romantique les «morceaux brisés»
d’une histoire de la représentation.
Claire Trotignon est née en 1983 à La Rochelle.
Vit et travaille à Paris. Représentée par la galerie
de Roussan, Paris et Bernard Chauveau éditeur, Suresnes.
ACTU
Let’s Build a Home.
Galerie de Roussan, Paris
Du 14 mars au 2 mai 2015
Galerie de Roussan/Drawing Now 2015, Carreau du Temple, Paris
Du 25 au 29 mars 2015
Bernard Chauveau éditeur & Le Néant éditeur/Art Paris Art Fair,
Grand Palais, Paris. Du 26 au 29 mars 2015
proche de celui des toiles de Jouy. Ce faux
patron et vrai
pattern
célibataire, intitulé
Les Surfaces reposantes
, est destiné à revê-
tir, une fois tiré en sérigraphie et rehaussé
à l’aquarelle, les plateaux amovibles d’une
table de jeu, dont les différentes positions –
à plat ou à la verticale – rendront possible
une vue fragmentée.
De fait, chez Claire Trotignon, le regard
oscille toujours entre la recombinaison
d’un espace unifié et une vue par le détail,
qui s’attache à décrire chacun de ses élé-
ments morcelés, comme des échantillons
autonomes. Au sein d’une même œuvre, les
contradictions concourent à cet étonnement :
les changements d’échelles d’une part,
mais également la disparité des sources, et
jusqu’à la diversité des techniques – collage,
dessin, sérigraphie, parfois transformation
du lieu dans lequel la pièce est montrée,
engageant alors l’espace du spectateur. En
conséquence, telle architecture y apparaît
simultanément «naturalisée» et produit de
la main de l’artiste, construction s’opposant
au passage du temps et ruine en devenir.
Telle série de lignes hachurées condense
représentation d’une nuée et motif décoratif.
Cette approche combinatoire, ce balance-
ment incessant entre la partie et le tout,
trouve sa source dans la manière dont elle
dirige sa pratique : «Bien que je me pré-
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