Revue Art Absolument N°90 - aperçu - page 14

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Dans tous les cas, votre œuvre compte cer-
taines séquences de travail –
Mes naufrages,
Le Dernier Soleil, Abîmes
… – qui actent une
pleine présence au monde, d’autant que cer-
taines, dans leur intitulé même, portent la
date du jour de leur exécution. Ce qui peut
apparaître comme à l’opposé même de votre
travail de dessin, de sa lenteur, de son carac-
tère d’intemporalité…
…Ce qui ne l’est absolument pas. Quand je trouve
sous l’eau unmorceau de pierre que j’ai envie de
reproduire en inox en plusieurs exemplaires pour
dresser un mur gigantesque ou qu’à l’automne,
je sors le soir de mon atelier et me place face
à la mer pour peindre à l’aquarelle la sublime
rougeur du coucher de soleil, c’est pour moi la
même attitude que celle qui me conduit à surfer
sur Internet à la recherche d’images nouvelles. Il
n’y a pas de différence de démarche. À partir du
microcosme qui est le mien, j’essaie d’atteindre
une dimension générale. Quand je plonge pour
aller ramasser des fragments de coques de
bateaux qui se sont échoués pour diverses
raisons, ce sont des morceaux d’épaves que
je ramasse dans la même eau que celle dans
laquellemeurt toute une population demigrants.
Il y a dans votre travail un intérêt déclaré à la
ruine, au désastre. À quoi cela correspond-il ?
À cette condition irrésistible de l’artiste à
Vue de l’exposition d’Emmanuel Régent, CCI, Marseille, 2011.
Œuvres :
Mes plans sur la comète
.
2006, papier, corbeille, plombs, dimensions variables.
1...,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13 15,16,17,18,19,20
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