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La Danse au Moulin Rouge
, dit aussi
La Goulue et Valentin
le désossé
, panneau pour la baraque de la Goulue, à la Foire
du Trône à Paris (panneau de gauche).
1895, huile sur toile, 298 x 316 cm.
Musée d’Orsay, Paris.
Où mieux voir Toulouse-Lautrec que dans
l’éclectisme canaille du Grand Palais, ce
summum du goût de la République ? Là,
tout l’automne, se mitonne une fricassée
de quelque deux cents pièces permettant
la réévaluation concrète d’un pionnier
psychologue.
PAR VINCENT QUÉAU
Relisant Henri de Toulouse-Lautrec sous un
prisme moins socialement convenu, rompant
avec les interprétations politiquement correctes
d’un artiste engagé, seul et pittoresque, cette
nouvelle rétrospective enterre l’hagiographie de
l’aristocrate détaché des réalités matérielles,
critique parce que taré, aux franges de la per-
version et du sadisme. Sans doute l’épisode
de sa cour à Yvette Guilbert, qui lui préfère
longtemps Chéret et Steinlen pour la fourni-
ture de ses affiches, accrut-il cette vision d’un
anti-Nattier, féroce, presque caricatural. Et on
comprend aisément que ses qualités picturales
d’une brusquerie mâle, solidement arrimées au
naturalisme – la dernière évolution du Grand
Genre le replaçant dans le quotidien sans fard
à la suite des Millet, Courbet, Breton… –, ne
possèdent que peu d’attrait pour toute femme à
la mode ; or, celle qui se définissait étoile veilla
longtemps par coquetterie ! Mais, en fin de
compte, quelle réussite époustouflante…Rendre
inoubliable une paire de gants noirs, emblème
tout aussi efficace que les bas de soie blanche
Toulouse-Lautrec
et la vérité moderne,
l’acuité gourmande
Toulouse-Lautrec. Résolument moderne
Grand Palais, Paris
Du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020
Commissariat : Stéphane Guégan et Danièle Devynck
