| édito |
(
artabsolument
)
no 5 • été 2003 page
11
les théologiens du Moyen Âge,
le vent souffle où il
veut
. Que nul ne peut préjuger de ce que l’autre – tel
ou tel individu, le public, voire le grand public – per-
çoit lorsqu’il se trouve de plain-pied avec une œuvre.
Qu’il suffit parfois d’une seule occasion pour que
votre vie s’en trouve modifiée. Qu’il suffit de ce qu’on
pourrait appeler une
rencontre
ou un
événement
).
Cela étant dit, dans le palmarès des expositions les
plus visitées, les lecteurs auront sans doute remar-
qué que celles concernant exclusivement l’art
contemporain ne représentent qu’une part congrue
(mais non négligeable). Deux raisons principales,
nous semble-t-il, à cela. La première – inévitable –
est que le nouveau, par définition, nécessite un effort
et un temps de réception pour être assimilé, qu’il
faut en somme un travail d’adaptation pour pouvoir
pleinement en jouir– et plus ce nouveau sera singu-
lier, déroutant, éloigné de la norme, plus intense
l’effort à fournir et plus long le délai. La seconde –
devenue cruciale dans notre société de communica-
tion – est que l’art contemporain comme toute autre
activité humaine est pris dans un réseau d’intérêts
qui tend à substituer aux critères purement esthé-
tiques (l’importance réelle de l’œuvre de tel ou tel
artiste) des stratégies d’autopromotion (d’où l’insi-
gnifiance de certains travaux présentés comme
“génialement critiques” au public alors qu’ils ne
sont que des “coups” organisés, pour ne rien dire
des catégories spécieuses de “l’artiste-entrepre-
neur” ou de “l’artiste sans œuvre” qui ont fleuries
cette dernière décennie). Tout ce qui brille n’est pas
or, et discerner les voix singulières, parfois infimes,
voire marginalisées, du tohu-bohu des machineries
de la mode afin que le durable prenne
in fine
le pas
sur l’éphémère, qu’il y ait une véritable reconnais-
sance des œuvres et pas seulement des têtes d’af-
fiches tonitruantes, demeure toujours une néces-
sité. C’est l’affaire de tout un chacun. C’est la nôtre.
La revue (art absolument) s’est associée avec Clear
Channel, le leader mondial de la publicité exté-
rieure, pour une opération culturelle à destination
de tous sous la forme d’une “exposition” perma-
nente d’art contemporain – relayée par un réseau
d’écrans plasma – au cœur des 13 plus grandes
galeries commerciales en France. Sélectionnées par
(art absolument), 30 œuvres de 10 artistes contem-
porains (peintres, sculpteurs, photographes, artistes
numériques) sont diffusées actuellement sur les
103 écrans plasma dont dispose Clear Channel. Les
artistes sélectionnés, la plupart de renom, ou par-
fois encore relativement méconnus, appartiennent à
des générations et à des esthétiques différentes ;
bien que d’origine diverse, ils ont la particularité de
vivre et de travailler en France. Il s’agit donc d’un
“aperçu” de l’art contemporain en France à l’inten-
tion des millions d’individus qui fréquentent les
centres commerciaux, et dont la grande majorité n’a
qu’une connaissance très partielle ou caricaturale
de l’art d’aujourd’hui. Qu’à l’occasion de cet
“aperçu”, une poignée d’entre eux – dix ? cent ? mille
? qu’importe le nombre -, au débouché de leur péré-
grination, à la dérobée de leur regard, soient “saisis”
par telle ou telle œuvre et désirent approfondir
celle-ci en voulant en savoir davantage, et notre
objectif sera parfaitement atteint.
Pascal Amel
Les œuvres des artistes sélectionnés
sont visibles sur notre site :
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