| édito |
(
artabsolument
)
no 3 • hiver 2003 page
11
Il semblerait que l’art enFrance, àParis,maisaussi dansdenombreuses
villes de province, reconquière, année par année, la place prépondérante
qui fut la sienne durant la première moitié du XX
e
siècle.
Les grandes expositions – celles concernant les artistes incontournables
de l’histoire de l’art et de la modernité, mais également celles ayant
pour thème la connaissance de civilisations plus lointaines – attirent
un public toujours plus nombreux ; de nouvelles institutions voient
le jour ; des fondations se créent ; des collections se constituent ;
des écrivains de talent prennent de nouveau l'art comme thème de
leurs fictions ; plusieurs générations d'artistes, de style et de genre
différents, exposent dans les musées et les galeries ; un nombre crois-
sant d'entre eux, qui vivent ou séjournent dans notre pays, bénéficient
d'une reconnaissance internationale : bref, loin de se démentir, depuis
quelques années, l’intérêt pour l’art ne cesse de croître.
Mais qu'en est-il de
la création
en tant que telle ?
Quelles sont lesœuvres qui, à travers le temps et l’espace, continuent
à être
contemporaines
, à servir de repères à ceux qui, aujourd’hui et
maintenant, en actualisent les potentiels ? Quelles sont les œuvres
qui nous font découvrir une nouvelle manière de voir et de sentir, de
penser et d’imaginer et ce, quels que soient leurs médiums (nous
pensons que ce ne sont pas les genres ou les médiums qui créent
l’œuvre mais l’inverse, l’œuvre qui utilise n’importe quel médium
pour pouvoir s’affirmer), ou le fait que leurs auteurs – les artistes
– soient reconnus ou encore relativement méconnus ?
Ce questionnement suppose une certaine distance. Il suppose de
croireque le
passagede témoin
a réellement eu lieu. Il supposeuneatten-
tionsoutenueau
talent
–à cequi perdure. Il supposesurtout, en toute luci-
dité, sans fausse illusion, de parier sur la croyance en la capacité de
l’homme à créer, sous certaines conditions, ce qui le définit et échappe à
la fugacité du temps et à la pesanteur du monde : sa capacité de vie et de
survie, son désir d’accroître la conscience de soi et celle d’autrui.
À l’opposé d’un discours étonnamment complaisant envers le nivel-
lement par le bas, la confusion générale, l’insignifiance, le dérisoire,
l’air du temps, les diktats, l’exclusion, (art absolument) a choisi de
donner la parole aux artistes et à tous ceux qui sont passionnés par
l’art
afin qu’ils nous permettent de mieux appréhender ce qui, à leurs
yeux, est une
œuvre
Pascal Amel
Éditorial
1,2 4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,...26