CCC – Centre de création contemporaine, Tours
Agnès Thurnauer – Francine Picabia
Du 17 novembre 2007 au 24 février 2008
>
Région Centre
Par Antoine Fonsagrive
étant disponibles à la boutique), aux couleurs vives –
peints à l’acrylique. L’enjeu de l’exposition est ainsi
posé : circulation du nom, comme une marque, qui
s’affiche suivant une norme revendicative, celle du
badge. Quelques rares exceptions à la série viennent
appuyer le propos : tout d’abord, nous est présentée
au début de l’exposition une série plus courte, repré-
sentant dans des tons violacés des corps féminins,
jambes et visage naturellement coupés du champ de
vision, rappelant la campagne publicitaire Aubade, et
estampillée du principe d’équivalence de Robert
Filliou (parodie de parodie) : “Bien faite – mal faite –
pas faite”. Le message publicitaire est détourné par
le message artistique qui renvoie à l’uniformisation
du personnage (dont on évite toute identification pos-
sible, puisque le visage est retiré, et le corps, bien sûr
idéal, renvoie à un stéréotype : il pourrait être celui de
n’importe quelle femme), tout en puisant dans ses
propres codes esthétiques. Dès la première
approche, on sent que la question de l’uniformisation
par l’économie marchande, la vulgarisation et la dis-
solution des individualités, vont être au cœur de la
problématique de l’exposition.
Sans titre (Probably)
(2007), est peut-être la clef de cette rencontre artis-
tique : un vortex absorbe (avec le même stylisme
publicitaire années soixante que pour les badges évo-
qués ci-dessus) le regard du spectateur, et plus vrai-
semblablement, symbolise une porte possible vers
cet autre univers, dans lequel, au lieu d’un star-system
Après avoir traversé la façade lumineuse du CCC, de
tubulures ondulantes, comme une forme organique
et mouvante, on pénètre dans cet espace muet et
froid, vers la première salle du centre d’art, celle qui
nous délivrera le secret de la dernière exposition du
centre de création contemporaine de Tours.
Francine
Picabia
– du nom de l’une des œuvres de l’exposition
– est un leitmotiv d’une série, fonctionnant sur le
même principe : l’inversion d’un prénom qui change
de sexe la personne qu’il désigne (le plus souvent du
masculin vers le féminin). On obtient ainsi une série
de “portraits canulars”, Francine Picabia, Danielle
Buren, Miss Van der Rohe, Marcelle Duchamp, Annie
Warhol… Ces portraits inversés sont présentés sous
la forme de badges géants (les badges miniatures
Vues de l’exposition Agnès Thurnauer – Francine Picabia.
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artabsolument
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• no 23 • hiver 2007/08