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artabsolument
)
no 11 • hiver 2005 page
15
Peindre l’Orient ou désorienter la peinture ?
C'est d'Égypte – du Caire où il vient de séjourner plu-
sieurs années – que le peintre Émile Bernard vient
questionner Cézanne en 1904. Pourquoi Cézanne, qui
n'était pas parti au loin, allait-il sans
se déplacer
, révo-
lutionner,
déplacer
la peinture? À ce voyage sur place
dans
la peinture par son évolution patiente et têtue de
toile en toile, s'opposait, tout à l'inverse, la fuite en
Égypte des peintres orientalistes vers des horizons
étrangers. Le paradoxe des
Orientalistes
est qu'ils
conjuguent, avec le déplacement réel vers l'autre et un
parti pris d'exotisme, une hyperactivation du code pic-
tural académique en vigueur et que ce sont eux les
conservateurs. Ce qui est éclairant, à mes yeux, dans
cette parabole picturale entre Cézanne et les
Orientalistes
, n'est pas tant le clivage historique repé-
rable qui s'y transcrit, mais le partage des choix artis-
tiques :
peindre l'Orient ou désorienter la peinture !
Après l'Orientalisme du XIX
e
siècle et sa fascination
pour les paysages égyptiens, l'art d'aujourd'hui aurait-
il perdu tout contact avec l'Égypte antique? Quels liens
se sont noués au-delà de deux siècles d'égyptomania?
Ce rapport d'influence de l'Égypte n'est-il pas devenu
quasi-invisible dans l'art du XX
e
siècle, car transformé
du tout au tout ? L'hypothèse avancée ici est que ce
rapport de mimétique est devenu analogique.
Anslem Kiefer.
Dein und mein Alter und das Alter der Welt.
1997, technique mixte, 470 x 900 cm.
>
L’Égypte antique et l’art du XX
e
siècle
Par François Jeune