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(artabsolument) no 11 • hiver 2005 page 51
d’énergie les organismes qui nous précèdent ?
Les commodités que l’homme veut obtenir pour
lui-même s’avéreront vides de sens. Ni la civilisa-
tion, ni l’homme, ni le cheval, ni la locomotive
n’existent pour l’intuition mondiale qui ne divise
rien en possession nationale ou gouvernemen-
tale, comme le fait l’homme qui accroche à
chaque buisson une étiquette indiquant son
genre, son origine, son appartenance religieuse
et son titre. Aujourd’hui, l’intuition arrache toutes
ces étiquettes, mais dans des buts particuliers,
nécessaires à elle, qui, aux yeux de la raison, pas-
sent pour la cause économique et alimentaire,
pour l’unité et la fraternité de “l’amour éternel”.
L’intuition est la graine de l’infini ; en elle se
répand tout ce que nous voyons sur notre globe
terrestre. Les formes proviennent de l’énergie
intuitive qui surmonte l’infini et c’est de là que
tirent leur origine les variétés des formes, com-
prises comme moyens de locomotion.
Le globe terrestre n’est rien d’autre qu’une boule
de sagesse qui doit courir sur les chemins de l’in-
fini. Tout s’est levé de terre et court ; chaque pas
représente une époque de la civilisation et doit
être différent, aiguisé autrement. Les formes
antérieures se désagrègent, retournent à l’état
d’éléments constitutifs et ceci jusqu’à ce que
toute leur énergie se soit épuisée. C’est ce qui fait
changer la civilisation et les mondes. Dans le
mouvement infini des choses antérieures est
apparu le signe nouveau du mouvement –
l’homme – et il n’y a pas lieu de penser au repos et
au confort, car au moment précis où l’homme les
aura atteints, ou aura atteint la perfection appa-
rente, l’intuition extraira de l’homme tout ce qu’il
a d’humain, le replacera dans un nouveau signe
et l’image de l’homme disparaîtra aussi com-
Malévitch.
Photographie de la dernière Exposition Futuriste de tableaux 0,10.
1915, Saint-Petersbourg, Galerie Nadiejda Dobychina.
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