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(artabsolument) no 11 • hiver 2005 page 59
ments d’une sculpture ; ou entre différents états
d’une même sculpture : c’est ainsi que se décline la
série. La série est aussi un lien, virtuel, qui réunit plu-
sieurs possibilités d’une sculpture.
Évelyne Artaud : Ce procédé régit aussi les pièces les
plus récentes : les Fléaux, les Larrons…
Bernard Pagès : Il y a un ordre et un rythme précis
d’alternance qui est une logique rigoureuse dans
laquelle chaque élément a sa place : c’est un système
sériel là encore.
Évelyne Artaud : Cela se complique lorsque ces liens,
ces intercalaires entre deux éléments de même
nature ne sont pas que des ajustements mais devien-
nent eux-mêmes des pièces à part entière.
Bernard Pagès : Oui, lorsqu’ils sont débordants, ils
comptent davantage comme volumes, ces ruptures
ne sont plus des vides, des espaces entre deux élé-
ments, mais prennent alors tellement d’importance
qu’ils sont eux-mêmes des éléments sculpturaux ;
c’est le cas dans la Colonne couchée :les bois sont ici
des liens si débordants qu’ils surpassent la pièce à
joindre qui formait initialement la colonne.
Évelyne Artaud : Le lien n’est plus disjonction,
confrontation, lutte, mais s’inverse en signe positif.
Peut-on dire cela ?
Bernard Pagès : C’est une manière de dire la diffé-
rence, de montrer comment l’apparente continuité
est en fait une somme de moments distinctifs qui
constituent un ensemble hétérogène et dynamique ;
cette Colonne couchée en est un exemple et va don-
ner lieu à de nombreuses expérimentations.
Évelyne Artaud : Dans les arrangements du début, le
lien était d’opposition?
Bernard Pagès : C’était un moment où je ne me servais
pas d’outils et où étaient simplement mis en présence
deux éléments, l’un fabriqué, l’autre naturel, mais tou-
jours d’unmême volume; le lien était dans l’équivalence
des volumes, mais aussi dans un accord de couleur,
dans une opposition de plein et de creux, etc. Ensuite, je
faisais varier leur position, cette transformation
Bernard Pagès.
Assemblages.
1975 / 1977.
Centre
Georges-Pompidou,
Paris, 1982.
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