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Gregory Halpern.
Let the Sun Beheaded Be
. 2019.
Effet scénographique ou pas, la même
image appelle le regard une fois entré,
sur le mur du fond, comme une remise
à plus loin de son horizon. Entre les deux,
des photographies dont, hors contex-
tualisation, les perspectives pourraient
demeurer tout aussi floues que les flots
que scrute le modèle au large dos. Une
main qui s’empare de ce qui semble
être un cocktail Molotov, des cartes à
jouer posées au sol, un buste au visage
marron mouché de blanc, deux sil-
houettes au sommet d’un récif… : autant
d’images comme des énigmes – une
qualité qui vient teinter même un simple
En Guadeloupe,
Gregory Halpern
en quête d´apparitions
portrait de dame. Idem pour la photo-
graphie d’un autre buste gravé au nom
de Victor Schoelcher, dont on se met à
douter du caractère fortuit de coulures
noires encrassant la pierre.
Mais, parti en Guadeloupe avec les écrits
d’Aimé Césaire en tête – le nom de son
exposition,
Soleil cou coupé
, est le titre
d’un recueil du poète antillais paru en
1948 –, Halpern alterne subtilement
images parées du prisme surréaliste
et photographies à la signification plus
transparente. Le premier buste n’est
autre que celui de Christophe Colomb,
marbre repeint en noir puis attaqué
à coup de burin, quand le choix de
Schoelcher résonne avec l’ambivalence
de l’héritage attaché au négociateur de
l’abolition de l’esclavage, mais également
des indemnités qu’ont touchées alors les
colons. Preuve plus frontale, une main
pointant du doigt la graphie du «Décret
de la Convention nationale qui abolit l’Es-
clavage des Nègres dans les Colonies»
que s’est fait tatouer un jeune homme sur
l’omoplate, dont on sent néanmoins que
le photographe s’est efforcé à la saisir
comme une apparition.
Car plutôt qu’un récit, Gregory Halpern
s’est attaché à capter une suite de
C’est une image grand format qui accueille le visiteur à l’orée de l’exposition de Gregory Halpern, photographe
américain parti en Guadeloupe en 2019 dans le cadre d
’
Immersion
, commande de la Fondation d’entreprise
Hermès. Un dos massif, légèrement de biais, où perlent quelques gouttes, cheveux ras rouges et haut en maille
jaune, fait front devant une mer que le point du photographe a laissé floue, à l’exemple des présences magnétiques
qu’il a ramenées de ses séjours dans l’île antillaise.
Gregory Halpern. Soleil cou coupé
. Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris. Du 8 septembre au 18 octobre 2020
