Revue Art Absolument N°91 – décembre/ janvier / février 2020 – aperçu - page 20

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«À l’origine, il s’agissait avant tout de montrer
les œuvres de la jeune génération d’artistes
américaines à Bruxelles, où elles n’ont jamais
été exposées. Le fait d’y intégrer leurs aînées est
venu après », explique Marie Maertens, commis-
AMERICAN WOMEN
L’ARTISTE AMÉRICAINE, LE FÉMINISME ET L’ACHETEUR∙SE
saire d’
American Women
. De même, l’implication
féministe n’en était pas une donnée initiale,
avant tout basée sur le travail des artistes lors des
visites d’atelier. Ce que confirme Valérie Bach,
pour qui soutenir le travail de femmes relève plus
d’une sensibilité que d’un choix de principe. Et
parmi celles avec lesquelles sa galerie La Patinoire
Royale collabore, difficile de voir dans la pein-
ture de Marion Charlet ou dans l’engagement
optique des pièces murales de Gisela Colon des
questions de genre. Néanmoins, la commissaire
a pu noter l’aura que possèdent les figures des
années 1970 aux yeux de cette génération de
trentenaires exposées à la Patinoire Royale. Et
aussi ce qui les distingue.
«La génération émergente est à la fois traversée
et plus distanciée par rapport au féminisme, que
les artistes des années 1970 ont pu concevoir de
manière plus militante », note-t-elle, constatant
que «d’une certaine manière, elle en joue plus ».
Prenant notamment appui sur les recherches
de Kathy Battista et son récent essai
New York
New Wave: The Legacy of Feminist Art in Emerging
Practice
(2019), Marie Maertens rappelle que dans
les années 1970, l’intérêt de ces femmes pour
des supports modestes, le document ou la vidéo
s’est construit en opposition au grand format
hérité de l’expressionnisme abstrait et de l’art
minimal, la peinture comme genre étant asso-
ciée à un certain virilisme. Dans l’exposition, les
dessins de Nancy Spero, s’ils ont trait à la guerre
Par
Tom Laurent
Avec pour sous-titre
The Infinite Journey
pour relayer celui de l’ouvrage de Gloria Steinem, pionnière américaine
de l’inscription de la cause des femmes dans l’intersectionnalité –
My Life on the road
(2015) –, la réunion
d’œuvres américaines d’une quinzaine de femmes arrivées à l’art dans les années 1970 et 2000 affiche la
volonté d’observer la transformation de luttes toujours en cours. Montée à la Patinoire Royale à Bruxelles, elle
est également l’occasion de scruter le rapport du marché à ces plasticiennes, des deux côtés de l’Atlantique.
American Women. The Infinite Journey
La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach, Bruxelles
Du 9 janvier au 21 mars 2020
Commissariat : Marie Maertens
Julie Curtiss.
Ceinturée.
2019, gouache sur papier, 30 x 23 cm.
Courtesy Anton Kern Gallery, New York.
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