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DÉBATTRE
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Arcs-en-ciel,
saints patrons
et récits alternatifs
en Pologne
ENTRETIEN ENTRE AGNIESZKA ŻUK ET TOM LAURENT
Daniel Rycharski. La goutte creuse la pierre
Villa Arson, Nice
Du 15 novembre 2019 au 12 janvier 2020
Commissariat : Klaudia Podsiadlo et Agnieszka Żuk
Pologne 1840-1918. Peindre l’âme d’une nation
Musée du Louvre-Lens
Du 25 septembre 2019 au 25 janvier 2020
Commissariat : Iwona Danielewicz, Agnieszka Rosales,
Marie Lavandier et Luc Piralla
TOM LAURENT
Publié avant l’été 2019, votre
recueil de textes affiche la volonté de
questionner « ce qui agite, obsède
et déchire la société polonaise d’au-
jourd’hui ». Pourquoi ce titre,
Hourras et
Désarrois
?
AGNIESZKAŻUK
Le titre
Hourras et Désarrois
,
aux sonorités volontairement grinçantes
et dérangeantes, fait allusion aux conflits
qui déchirent la société polonaise et plus
particulièrement à l’immense charge
En avril dernier, le retrait des salles du musée natio-
nal de Varsovie d’une vidéo de Natalia LL –
L’Art de la
Consommation
(1975), où l’on voit l’artiste alors jeune
manger une banane de manière suggestive – provoquait la
mobilisation de manifestants reprenant le geste démons-
tratif. Son directeur, Jerzy Miziołek, proche du parti au
pouvoir, arguait pour sa part ne pas vouloir «montrer
des œuvres qui pourraient heurter la sensibilité du jeune
public», visant également une vidéo de Katarzyna Kozyra.
Dans un autre contexte, l’anecdote pourrait presque prêter
à sourire, mais elle apparaît révélatrice des tensions à
l’œuvre en Pologne, où pour Agnieszka Żuk se joue rien
de moins qu’une « guerre culturelle ». Dans l’ouvrage
Hourras et Désarrois
, elle a rassemblé pour mieux l’ana-
lyser les vues de 18 auteurs dont les champs d’activité et
de réflexion croisent philosophie, histoire de l’art, pratique
littéraire, journalisme, sociologie ou encore activisme
social. Au moment de cet entretien, deux expositions en
France –
Pologne 1840-1918
.
Peindre l’âme d’une nation
au Louvre-Lens, qui s’attache à une certaine « imagerie
nationale» léguée par la peinture polonaise du XIX
e
siècle
et celle du jeune artiste Daniel Rycharski à la Villa Arson,
dont Agnieszka Żuk est co-commissaire – se prêtent cha-
cune à leur manière à éclairer cette situation.
