Art Absolument 85 - septembre/octobre 2018 - apercu - page 27

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AIMER
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PHILIPPE PIGUET
Voilà trois ans, vous avez été
invité à la Biennale de Venise à représenter
la Turquie qui y participait pour la première
fois de son histoire. Cette année-là, c’était le
centième anniversaire du génocide arménien.
Pour le moins, la situation était particulière,
compte tenu de la date et de votre propre his-
toire. Si vous avez répondu favorablement à
cette invitation, vous l’avez vous-même quali-
fiée de «cadeau très difficile». Trois ans plus
tard, comment en parlez-vous aujourd’hui ?
SARKIS
Cette situation m’a conduit à créer l’une
des deux ou trois plus importantes œuvres que
j’ai réalisées au cours de ma vie. Quand on fait
une exposition, il y a toujours un défi, mais il y
a défi et défi. Il y en a qui sont très complexes
parce qu’ils dépassent toute considération
esthétique, historique, politique ou philoso-
phique et que tous les paramètres y entrent
en jeu. Je n’avais jamais été face à une telle
situation. J’ai fait nombre d’expositions dans
des conditions fortes et singulières mais c’était
toujours comme des respirations en paix. La
forme naissait sans césarienne. Pour Venise,
je n’avais aucun modèle. Il m’a fallu me mettre
enceint moi-même.
Vue de l’exposition
Les Vitraux de Sarkis
,
Les Pêcheries, Musée de Fécamp, 2018.
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