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DÉBATTRE
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Dans son discours, le président français exprimait
son souhait que «d’ici cinq ans, les conditions soient
réunies pour des restitutions temporaires ou défini-
tives du patrimoine africain en Afrique». En France,
le débat s’est focalisé sur les objets royaux du
Dahomey réclamés officiellement par le Bénin depuis
juillet 2016 – car considérés comme pillés en 1892
lors du sac du palais d’Abomey par les troupes fran-
çaises et britanniques – exposés au quai Branly, dont
les conservateurs ne font plus aucune déclaration à
ce sujet jusqu’à la remise du rapport. Mais les musées
français regorgent d’objets acquis sous la période
coloniale dans des conditions douteuses, objets que
Bénédicte Savoy (Collège de France, Université tech-
nique de Berlin) et Felwine Sarr (Université de Saint-
Louis du Sénégal) ont pour charge de répertorier.
Leur rapport devra proposer des solutions en vue de
restitutions à venir, et contourner les nombreux obs-
tacles juridiques qui les accompagnent. Directeurs
de musée, conservateurs, experts et chercheurs
donnent ici leur avis sur la mission Savoy-Sarr, la
possibilité des restitutions et le contexte du débat.
Depuis les déclarations d’Emmanuel
Macron à Ouagadougou en novembre
2017, le débat sur les restitutions a pris une
autre ampleur. Dans l’attente du rapport de
lamission Savoy-Sarr prévu pour novembre
2018, nous avons recueilli les opinions de
diverses personnalités qualifiées sur ce
sujet hautement politique.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLYMPE LEMUT
Des restitutions
en question
Vue de salle Afrique, musée d’Aquitaine, Bordeaux, 2018.
Si pour Bénédicte Savoy il faut
«
aller dans la joie »
vers un processus de restitution, la question reste
largement polémique en France. De fait, elle touche
à des sujets très sensibles politiquement : passé
colonial, statut des collections muséales, relations
avec les institutions africaines, méthodologie de
l’ethnographie contemporaine. Sur tous ces sujets,
la remise du rapport Savoy-Sarr en novembre mar-
quera le début d’une nouvelle dynamique, impulsée
cette fois par le politique.