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GAUGUIN,
JEU DE
RÔLES
Le premier autoportrait de Gauguin a
été peint en 1878. Le dernier en 1903.
Il porte une toque dans le premier, des
lunettes dans le dernier. Mais, entre
l’un et l’autre, il s’est souvent repré-
senté « en »… Qui donc a été, ou a voulu
être, Paul Gauguin ? Ses autoportraits
seraient-ils des confidences, des aveux,
peut-être ? Cela n’exclut pas qu’il ait
voulu qu’ils soient des provocations.
PAR PASCAL BONAFOUX
GRAND PALAIS
Gauguin l’alchimiste
Grand Palais, Paris
Du 11 octobre 2017 au 22 janvier 2018
Commissariat : Claire Bernardi
et Ophélie Ferlier-Bouat
Lorsque, le 10 avril 1879, s’ouvre la
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e
Exposition
de peinture
de ces peintres qui ont été qualifiés
d’« impressionnistes» cinq ans plus tôt par le
critique Louis Leroy, on découvre pour la pre-
mière fois parmi eux un certain Paul Gauguin.
Il est alors encore employé chez le banquier
André Bourdon, 21 rue Le Peletier, après avoir
été agent de change rue Laffitte, chez Bertin.
Il n’est pas évident qu’il puisse renoncer un
jour à ce métier qui lui permet, en cette année
1879, de gagner 35 000 francs et d’acheter des
toiles de Pissarro qu’il a accepté de prêter pour
cette quatrième exposition. Ce jeune homme
de trente et un ans, croit-on savoir, fait de la
Portrait de l’artiste au Christ jaune.
1890-1891, huile sur toile, 38 x 46 cm.
Musée d’Orsay, Paris.