83
David Hockney. Rétrospective
Centre Pompidou, Paris.
Du 21 juin au 23 octobre 2017
Commissariat : Didier Ottinger
David Hockney. The Yosemite Suite
Galerie Lelong, Paris.
Du 20 mai au 13 juillet 2017
David Hockney est à l’Occident ce que sont
Hokusaï et Owon à l’Extrême-Orient : un
vieillard fou de dessin et un jouisseur ivre
de peinture, qui change de style aussi sou-
vent que d’adresse avec la même aisance
que les deux maîtres japonais et coréen.
«Le style n’est qu’un outil, avoue l’Anglais
aux mille visages. Picasso pouvait maî-
triser tous les styles. La leçon que j’en
tire, c’est que l’on doit les utiliser tous.
J’ai compris que la rigidité stylistique
est plus qu’un souci inutile : un véritable
piège. » Démontrant sa riche versatilité
en empruntant son vocabulaire à qui
lui plaît et en nourrissant ses façons de
peindre de photographies, de photocopies
ou de tablettes graphiques, ce voleur de
feu a fait de la peinture un acte de résis-
tance joyeux, qui réussit à embrasser le
monde entier dans sa palette, comme s’il
répondait au cri de ralliement du poète
américain Walt Whitman : «
Joy ! Joy ! All
over Joy !
» Cet art de la joie, réconcilia-
teur et populaire, a beau s’appuyer sur la
vision gothique de Duccio, l’animation sans
perspective unique des rouleaux chinois,
la probité du dessin d’Ingres, la couleur
intense de Matisse, la bonne humeur de
Dufy, l’optique démultipliée de Picasso
et la
gay pride
de Bacon, la modernité
hédoniste de ce classique radical a par-
fois suscité des ires et des doutes. À tort.
Internaute communautaire avant l’heure,
l’Anglais s’est lancé à la recherche de l’es-
pace et du temps perdus au milieu de sa
vie même – des gens qu’il fréquente, des
paysages qu’il traverse ou des musiques
Délicieusement léger mais jamais superficiel, David Hockney a constamment renouvelé son
style en le confrontant à de nouveaux maîtres, de nouveaux paysages, de nouveaux formats et
de nouvelles technologies. À 80 ans, l’enfant prodige du Pop Art anglais est devenu le vieillard
indigne d’une peinture qui voit grand. En 200 tableaux, dessins et images numériques, le fauve
anglais rugit avec élégance : «
Bigger is better.
»
EMMANUEL DAYDÉ