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Chefs-d’œuvre de Budapest. Dürer, Greco, Tiepolo, Manet, Rippl-Rónai
Musée du Luxembourg, Paris
Du 9 mars au 10 juillet 2016
Commissariat : Laurent Salomé et Cécile Maisonneuve
Par Vincent Quéau
Au bon vouloir
des princes,
les collections nationales
hongroises à Paris
Une campagne de rénovations au
Szépmüvészeti et le musée hongrois
« s’exterritorialise » ! De Pisano à
Kokoschka, l’affiche enivrante attire
inexorablement au palais princier du
Luxembourg qui montre tout l’esprit
d’une collection magistrale.
Vieille recette de la politique européenne
depuis la Renaissance, le Gouvernement
par les Arts connaît, au XIX
e
siècle, une
évolution démocratique visant à faire suc-
céder la magnanimité du prince qui donne
le « bon voir » à l’éblouissement de son
prestige jusqu’alors jalousement gardé
en ses palais. Ainsi, ne pouvant rester à la
traîne des puissances voisines, dès 1764,
Catherine II ouvre les portes de l’Ermitage
quand Schinkel inaugure l’Altes Museum
pour héberger la collection royale de
Prusse en 1828. Deux ans après l’inau-
guration de l’Alte Pinakothek de Munich,
François-Joseph offre à ses sujets d’une
Hongrie parfois séditieuse et accédant tout
juste à une autonomie de façade, l’expresse
volonté de les instruire par leur accession à
lamodernité des Beaux-Arts. Lamanœuvre
prenant corps en 1871 par l’achat de la col-
lection des princes Esterházy, le musée de
la ville parlementaire – fusionnant avec
un Musée National fondé sur la dona-
Domenikos Theotokopoulos, dit Greco
. Annonciation.
Vers 1600, huile sur toile, 91 × 66,5 cm. Musée des Beaux-Arts, Budapest.