Art Absolument 70 - Mars/Avril 2016 - aperçu - page 7

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Seydou Keïta
Galeries nationales du Grand Palais, Paris
Du 31 mars au 11 juillet 2016
Commissariat : Yves Aupetitallot, en collaboration
avec Elisabeth Whitelaw, directrice de la Contemporary
African Art Collection (CAAC) – The Pigozzi Collection
Par François Salmeron
l’élégance, maîtresse du portrait
Seydou Keïta
Après les monstres sacrés que sont Richard Avedon, Robert Mapplethorpe,
Raymond Depardon ou Lucien Clergue, le Grand Palais dédie pour la première
fois une rétrospective à un photographe africain, Seydou Keïta. L’exposition
comporte plus de 300 œuvres, parmi lesquelles des tirages d’époque de petit
format extrêmement rares, ainsi que de grands clichés plus tardifs dont Seydou
Keïta a supervisé le développement. Le photographe bamakois demeure l’un des
chroniqueurs les plus importants de la modernisation de la société malienne au
tournant de l’Indépendance et,
in fine
, un grand portraitiste du XX
e
siècle.
«Quelqu’un qui n’a pas fait sa photo avec
Seydou Keïta n’a pas fait de photo ! », tel
est l’adage que l’on pouvait entendre au
Mali dans les années 1950, lorsque le
Tout-Bamako accourait dans le studio du
photographe pour se faire « tirer » le por-
trait. Car si Seydou Keïta n’est reconnu par
le marché de l’art qu’à partir de 1993, et
goûte au succès international alors qu’il
est retraité depuis vingt ans, sa réputation
a vite gagné toute l’Afrique de l’Ouest.
Un photographe autodidacte
Né en 1921 à Bamako, Seydou Keïta est issu
d’une famille illustre – qui serait à l’origine
de la fondation de l’empire du Mali au XIII
e
siècle et de sa capitale au XVII
e
. Tandis que
sa ville natale semodernise sous l’impulsion
de la colonisation française et du gouverneur
Henri Terrasson de Fougères, le jeune Keïta,
suivant la tradition africaine, est éduqué par
son oncle Tièmoko, un homme instruit qui
l’initie à lamenuiserie dès l’âge de sept ans.
De retour d’un voyage au Sénégal, son oncle
lui offre en 1935 son premier appareil, un
Kodak Brownie 6 x 9 : «C’était le moment le
plus important dema vie», se souvient Keïta.
En dépit de premiers portraits ratés qui lui
valent quelques ennuis avec ses clients, et
malgré la pénurie de matériel en Afrique,
Seydou Keïta travaille dès 1939 comme pho-
tographe en parallèle de son métier d’ébé-
niste. Il développe ses clichés chez Pierre
Garnier, un professionnel français qui ouvre
à Bamako la première enseigne dédiée à la
photographie. Autodidacte de formation,
Keïta suit toutefois les conseils avisés
de son voisin Mountaga Dembélé, ancien
assistant photographe dans l’armée fran-
çaise lors de la Seconde Guerre mondiale
devenu instituteur et portraitiste ambulant
à son retour du front.
Sans titre.
1956-1957, tirage argentique moderne réalisé en 1998 sous la supervision de Seydou Keïta
et signé par lui, 120 x 180 cm. Contemporary African Art Collection, Genève. Courtesy Seydou Keïta.
Dossier
Afriques de l’art
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