ArtAbs67 - Septembre/octobre 2015 - Apercu - page 13

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Dossier
Images
bonheur
du
Matisse, dans ses
Notes d’un peintre
de 1908, alors que
ses œuvres déchaînaient l’ire d’une partie de la critique,
s’exprimait en ces termes : « Ce que je rêve, c’est un art
d’équilibre, de pureté, de tranquillité, […] un lénifiant,
un calmant cérébral, quelque chose d’analogue à un
bon fauteuil qui délasse de ses fatigues physiques. »
Un refuge en retrait des conflits de son époque : cette
vocation rejoint sans doute celle de l’exposition
Joie de
vivre
, à Lille, dont l’attachement aux expressions de la
jouissance immédiate et à la fugacité du plaisir n’élude
pourtant pas la question de la construction du bonheur,
dans les œuvres et dans la vie. Ainsi Fragonard, dont les
vues tantôt tendres, tantôt furieuses, exaltent au musée
du Luxembourg le pouvoir de la volupté, ne se soustrait
pas au rôle qu’il a joué dans l’esthétique du siècle des
Lumières. Il y a une joie à créer, c’est la grande leçon de
Picasso, même dans lamisère auquel il est réduit pendant
la période bleue, même lorsqu’il prend les habits d’un
arlequin désolé :
Picasso.mania
, qui se tient au Grand
Palais, montre son emprise, jusque dans l’art contempo-
rain. On pourrait ajouter, en songeant à son
Guernica
ou à
son dessin tout en ambiguïté de Staline que lui commande
Aragon lors de la mort du « petit père des peuples », qu’il
en va du bonheur commun dans les images.
The World
Goes Pop
contribue à montrer que le mouvement contes-
tataire de mai 1968, visant l’établissement d’un modèle
de société alternatif aux quatre coins de la planète, n’a
pas fait l’économie de la formule de Marshall McLuhan,
professant que « le médium est le message ».
Edvard Munch.
Hommes se baignant.
1907-1908, huile sur toile, 206 x 227,5 cm.
Ateneum Art Museum, Antell collections, Helsinki.
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